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Comment la diplomatie suisse facilite l'étude des coraux en Mer rouge

L'expédition va explorer les récifs de coraux de la Mer rouge. [EPFL - Maoz Fine]
La diplomatie suisse au service des coraux de la mer rouge / Tout un monde / 6 min. / le 23 avril 2021
Un ambitieux projet de recherche sur les coraux, piloté par l'EPFL, va être lancé tout prochainement. Ces expéditions du Centre de recherche transnational de la Mer Rouge, parrainées par la Suisse, sont un exemple de diplomatie scientifique.

Les scientifiques qui s'apprêtent à partir vers la Mer rouge veulent mieux comprendre une particularité des coraux de la région: leur capacité de résister à l'augmentation de la température de l'eau. Le phénomène est particulièrement intéressant, alors qu'ailleurs dans les océans du Globe, les coraux supportent très mal le réchauffement et sont en grand danger.

La première expédition sera lancée en juin depuis la ville jordanienne d’Aqaba. Des scientifiques de l’Ecole polytechnique fédérale de Lausanne (EPFL) ainsi que des chercheurs internationaux et régionaux, arabes et israéliens, embarqueront sur le voilier Fleur de Passion de l'Association Pacifique pour une première mission de trois mois.

Cela nous donne l'espoir de pouvoir préserver un grand écosystème corallien.

Anders Meibom

"On prévoit qu'au milieu du siècle, on n'ait plus que 10% de récifs [de coraux] vivants par rapport à il y a cent ans", rappelle le professeur danois Anders Meibom, responsable du laboratoire de géochimie biologique à l’EPFL, vendredi dans l'émission Tout un monde de la RTS.

Dans ce contexte, explique-t-il, on a découvert que les récifs de la Mer rouge sont capables d'absorber beaucoup plus de chaleur et sont beaucoup plus résistants. "Cela nous donne l'espoir de pouvoir préserver un grand écosystème corallien pour les générations" futures, relève celui qui est la cheville ouvrière de ce projet du Centre de recherche transnational de la Mer Rouge de l'EPFL.

>> Regarder au 19h30, "Sauvegarde des coraux :

Sauvegarde des coraux: espoirs en Mer rouge
Sauvegarde des coraux: espoirs en Mer rouge / 19h30 / 3 min. / le 14 décembre 2017

Une région politiquement sensible

Mais cet écosystème corallien à préserver est situé dans une région particulièrement sensible du Globe, le Moyen-Orient, avec souvent de vives tensions entre les Etats ou différents acteurs régionaux. C’est ici notamment qu’intervient la diplomatie suisse, qui soutient ce projet présenté jeudi à Séville en Espagne.

"L'actualité démontre malheureusement que la science est devenue de plus en plus importante pour la coopération internationale", souligne l'ambassadeur de Suisse à Madrid Hanspeter Mock. "La pandémie dont nous souffrons au niveau mondial le démontre, le changement climatique aussi".

Ce projet met en avant la nécessité de coopérer au-delà des frontières politiques, religieuses, culturelles.

Hanspeter Mock

Pour le Département fédéral des affaires étrangères (DFAE), le développement d'une dimension scientifique de la diplomatie est donc devenu quelque chose de prioritaire, relève le diplomate.

"Je pense que ce projet met précisément en avant la nécessité de coopérer au-delà des frontières politiques, religieuses, linguistiques, culturelles, à la préservation de notre planète", poursuit Hanspeter Mock. "Et c'est là que la Suisse et sa diplomatie sont parfaitement dans leur rôle".

La tradition suisse pour fédérer les chercheurs

Et pour une mission de ce type, le soutien diplomatique intervient dès le lancement du projet. Les premiers pas sont même souvent les plus importants. La Suisse peut se baser sur sa neutralité et sur sa longue tradition de promotion de la paix pour fédérer les chercheurs, susciter des collaborations, tout en restant connectée avec les plus hauts niveaux politiques.

"Avant qu'ils partent, il faut s'assurer que le bateau puisse voyager, arriver à bon port, et développer ses activités", relève l'ambassadeur suisse. "Cela demande un travail en amont, pour s'assurer que ceci soit rendu possible par les différentes autorités des pays concernés et s'assurer aussi de leur soutien".

Il y a aussi des intérêts économiques très forts dans la région.

Anders Meibom
Le voilier Fleur de Passion qui va être utilisé pour l'expédition en Mer rouge. [Association Pacifique]
Le voilier Fleur de Passion qui va être utilisé pour l'expédition en Mer rouge. [Association Pacifique]

Pour Anders Meibom, cette mission est un exemple gagnant-gagnant de science pour la diplomatie et de diplomatie pour la science. Elle montre que les enjeux coraliens rencontrent une attention croissante et que le souci de préserver le bien commun ne se fait plus seulement à l’échelle régionale, mais à l’échelle globale.

"On cherche à unifier au niveau scientifique les chercheurs des pays de la Mer rouge, et en même temps créer un dialogue autour de cette science au plus haut niveau gouvernemental", dit le professeur de l'EPFL.

"Ce n'est pas seulement une question de préservation de la biodiversité", ajoute le scientifique, "c'est aussi la question de ne pas perdre les services de ces écosystèmes vis-à-vis du tourisme. Il y a des intérêts économiques très forts aussi dans la région".

Parmi les autres soutiens à ce Centre transnational de la Mer Rouge figure également la Fondation espagnole des Trois Cultures de la Méditerranée, basée à Séville.

Nicolas Vultier/oang

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Une mission par année jusqu'en 2024

Quatre missions de recherche de trois mois sont prévues jusqu’en 2024, soit une par année, pour tenter de sauver les derniers refuges coraliens du monde.

Le budget prévisionnel s’élève à 4 millions de francs. A ce stade, le soutien du DFAE est d’ordre diplomatique.

A plus long terme, le Centre Transnational de la Mer Rouge devra trouver les financements qui lui permettront de poursuivre ses activités.