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Le Protocole de Montréal a sauvé la couche d'ozone et limité le réchauffement

Le protocole de Montréal a sauvé la couche d'ozone et limité le réchauffement climatique: interview de Martine Rebetez
Le protocole de Montréal a sauvé la couche d'ozone et limité le réchauffement climatique: interview de Martine Rebetez / Forum / 7 min. / le 26 août 2021
Que se serait-il passé si le monde ne s'était pas mobilisé pour sauver la couche d'ozone à la fin des années 1980 en signant le Protocole de Montréal? Selon une équipe de scientifiques anglo-saxons, qui s'est posée la question, les températures auraient augmenté de 2,5 degrés d'ici la fin du XXIe siècle.

Pour arriver à estimer les bienfaits de la ratification du Protocole de Montréal (lire aussi encadré), les scientifiques ont modélisé un monde où les Etats n'auraient jamais ratifié le protocole interdisant les chlorofluorocarbures (CFC) – utilisés comme réfrigérants, solvants et gaz propulseur dans les sprays – et de le comparer à un monde où il existe.

Les effets sur les plantes atténués

Selon l'étude, récemment publiée dans la revue Nature, l'interdiction des CFC a protégé le climat de deux façons: en réduisant les conséquences des gaz à effet de serre, qui auraient contribué à une hausse des températures de 1,7 degré d'ici la fin du XXIe siècle, et en préservant les plantes du rayonnement ultraviolet.

Car avec davantage d'ultraviolets, qui ont un impact sur la croissance des plantes, moins de carbone aurait pu être absorbé par les plantes. Dans ce "monde parallèle, on aurait assisté à une augmentation de 0,8 degré des températures d'ici 2100, en raison de la dégradation du monde végétal.

Pour l'auteur principal de l'étude, cité dans Le Monde, sans l'interdiction des CFC, la Terre serait déjà confrontée à "la réalité d'une terre brûlée" et cette interdiction "a donné une chance de lutter contre le réchauffement climatique".

"Capital pour la planète"

Invitée dans Forum, Martine Rebetez, climatologue et professeur à l'Université de Neuchâtel et à l'Institut fédéral de recherche sur la forêt, la neige et le paysage, estime que l'interdiction des CFC "est quelque chose de capital pour la planète".

"Ces substances chimiques détruisaient la couche d'ozone qui nous protège du rayonnement, qui détruit la vie. Il était extrêmement important qu'on cesse d'émettre des CFC dans l'atmosphère", souligne-t-elle. Elle explique que la couche d'ozone est en train "de récupérer", mais il faudra une cinquantaine d'années pour qu'elle retrouve un niveau "suffisant" sur l'ensemble de la planète et aux pôles, notamment sud.

Mais est-ce la preuve évidente de la nécessité d'accords ratifiés par des Etats? "Sans aucun doute, c'est positif, note Martine Rebetez. (...) Le Protocole de Montréal a surtout été possible, car on avait un produit de substitution qui venait des mêmes producteurs. (...) Cela montre que la désinformation des sources industrielles dure jusqu'à ce qu'on trouve une solution effective et qui ne les laisse pas perdants."

Céline Fontannaz/vajo

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Le Protocole de Montréal signé en 1987

Dans les années 1970, les scientifiques alertent les dirigeants politiques à propos du trou dans la couche d'ozone, cette barrière qui filtre les rayons ultraviolets provenant du soleil, qui s'agrandit dangereusement au-dessus de l'Antarctique.

En 1987, vingt-quatre pays et la Communauté économique européenne prennent la mesure du danger et signent un traité, appelé Protocole de Montréal.

Le texte interdit alors l'usage des substances qui détruisent la couche d'ozone comme les chlorofluorocarbures, utilisés comme réfrigérants, solvants et comme gaz propulseur dans les sprays.

Quarante ans plus tard, l'ensemble des pays du globe ont ratifié l'accord.