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Le climat ne peut pas attendre la fin de la pandémie, selon les scientifiques

L'ouragan Ida sur le Golfe du Mexique vu depuis l'ISS, le 29 août 2021. [Keystone/epa - European Space Agency]
Le déréglement climatique menace notre espérance de vie, estime la communauté scientifique / La Matinale / 1 min. / le 6 septembre 2021
Malgré la pandémie, le monde ne peut pas différer les mesures "urgentes" à prendre contre le réchauffement climatique et la destruction de la nature, plaident lundi, dans un éditorial sans précédent, les principaux journaux médicaux. La santé humaine est menacée.

"La santé est déjà altérée par l'augmentation de la température mondiale et la destruction de la nature", écrivent lundi les rédacteurs en chef d'une vingtaine de revues prestigieuses dont le Lancet, le British Medical Journal ou le National Medical Journal of India.

Avec une augmentation d'environ 1,1 degré depuis l'ère pré-industrielle, les conséquences sur la santé des êtres humains sont déjà importantes.

"Les températures plus élevées ont entraîné une augmentation des cas de déshydratation et de problèmes rénaux, de tumeurs dermatologiques malignes, d'infections tropicales, de problèmes mentaux, de complications de grossesses, d'allergies et de mortalité et de morbidité cardiovasculaire et pulmonaire", souligne cet éditorial publié dans 220 journaux médicaux. Sans oublier le déclin des productions agricoles freinant les efforts contre la malnutrition.

"Aucun vaccin contre la crise du climat"

Et ces conséquences, qui frappent encore plus durement les plus vulnérables (minorités, enfants, communautés les plus pauvres...), ne sont qu'un début, pointe cet éditorial. Un réchauffement à +1,5 degré – seuil qui pourrait être atteint autour de 2030 selon le rapport des experts du GIEC publié début août – et la perte continue de biodiversité "risquent d'entraîner des dommages catastrophiques et irréversibles pour la santé".

>> Lire : Le réchauffement climatique s'accélère, alerte le GIEC dans un rapport choc et Une claque mondiale: le rapport du GIEC fait réagir

"Malgré la préoccupation légitime pour le Covid-19, nous ne pouvons pas attendre que la pandémie soit terminée pour réduire rapidement les émissions" de gaz à effet de serre, insistent les auteurs de cet appel, à deux mois de la cruciale conférence climat de l'ONU COP26, à Glasgow.

"Les risques du changement climatique pourraient éclipser ceux de n'importe quelle maladie. La pandémie de Covid-19 prendra fin, mais il n'existe aucun vaccin contre la crise du climat", a commenté le patron de l'Organisation mondiale de la Santé Tedros Adhanom Ghebreyesus dans un communiqué, notant que "chaque mesure prise pour limiter les émissions et le réchauffement nous rapproche d'un avenir plus sain et plus sûr".

>> Lire : Le rapport des experts climat de l'ONU "crucial pour le succès" de la COP26

"Changement fondamental"

Evoquant les sommes "sans précédent" dépensées lors de la pandémie, les revues médicales appellent ainsi à augmenter massivement les financements pour la protection de la planète et mettent en avant les effets en cascade positifs.

"Une meilleure qualité de l'air permettrait à elle seule d'obtenir des améliorations pour la santé qui compensent facilement le coût global de la réduction des émissions", estiment les auteurs.

Au-delà de l'argent, ils plaident pour un "changement fondamental de la façon dont nos sociétés et nos économies sont organisées et de notre mode de vie": refonte des systèmes de transport, des villes, de la production et de la distribution alimentaire, des marchés financiers, des systèmes de santé, "et bien plus".

"Il faut que 2021 soit l'année durant laquelle notre planète change de cap: notre santé à tous en dépend", a insisté Fiona Godlee, rédactrice en chef du BMJ, co-autrice de l'éditorial.

ats/sjaq

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