La situation des insectes est préoccupante, selon ce premier rapport détaillé sur le sujet, présenté mardi devant la presse par le Forum biodiversité de l’Académie suisse des sciences naturelles (SCNAT).
Il y a en Suisse environ 30'000 espèces d'insectes connues, et probablement 15'000 encore non découvertes, a indiqué Florian Altermatt, président du Forum biodiversité et professeur d'écologie aquatique à l'Université de Zurich.
Pollinisation, fertilisation et chaîne alimentaire
Qu’il s’agisse de la pollinisation dans l’agriculture, les jardins et la nature, de la dissémination des graines, de la formation de sols fertiles, de la chaîne alimentaire pour les poissons et les oiseaux, les insectes sont essentiels au bon fonctionnement des écosystèmes.
Après plusieurs années de suivi de la biodiversité, les experts constatent que sur 1153 espèces d'insectes étudiées, près de 43% sont menacées et 16% sont potentiellement menacés. Les insectes vivant au voisinage des eaux, dans des zones humides et des régions agricoles sont particulièrement sous pression.
En revanche, les espèces communes et aimant la chaleur - le bostryche par exemple - se sont plutôt propagées au cours des vingt dernières années, et on rencontre de plus en plus les mêmes espèces sur de vastes étendues. Cette uniformisation se constate également chez les oiseaux et les plantes, sur le Plateau tout comme dans le Jura, les Préalpes et les Alpes.
Nombre d'insectes en recul
En revanche, on manque de données sur l’évolution de la quantité totale d’insectes – appelée la biomasse – dans l’ensemble de la Suisse. Les scientifiques supposent toutefois que les pertes sont similaires à celles observées dans d’autres pays d’Europe. En Allemagne, la biomasse des insectes volants a diminué de plus de 75% au cours des trois dernières décennies.
Les causes du déclin des insectes en Suisse sont largement connues: la perte continue de milieux et de structures adéquates et la dégradation de la qualité des habitats restants du fait de la surfertilisation, des pesticides et de la pollution lumineuse.
Le réchauffement climatique et les espèces envahissantes sont également des facteurs de stress. Un élément particulièrement inquiétant est que des espèces très communes ont disparu, a souligné Florian Altermatt.
Les mesures de préservation actuelles peuvent certes être efficaces au niveau local, mais globalement, elles n’ont pas enrayé le déclin des insectes. Si l’on entend préserver à long terme la diversité des insectes en Suisse, il faut adapter et compléter les instruments existants.
À cette fin, les chercheurs proposent un programme en douze points, dont l'identification des milieux riches en insectes et leur interconnexion afin de créer de nouveaux réservoirs.
Il s'agit également de limiter certaines techniques de fauche et de bûcheronnage néfastes, l'usage de pesticides et la pollution lumineuse.
ats/cab