Le plastique fabriqué par l'être humain pollue l'environnement. Lorsqu'il est décomposé en micro- et nanoparticules, il pose un problème toujours plus grand non seulement pour les océans et les organismes qui y vivent, mais aussi pour les eaux douces et les sols, a indiqué mercredi le FNS dans un communiqué.
Pendant longtemps, il n'a guère été possible de suivre les modes de diffusion de ces particules, dont la taille ne dépasse pas quelques millionièmes de millimètre. Denise Mitrano, géochimiste à l'Ecole polytechnique fédérale de Zurich (EPFZ), y est parvenue, trouvant un moyen de suivre ces particules dans l'eau, le sol et même dans les organismes vivants.
Le plastique en mouvement
À l'origine, Denise Mitrano ne travaillait pas sur les plastiques, mais sur les nanoparticules métalliques synthétiques, comme celles que l'on peut trouver dans les textiles et les cosmétiques. C'est de là qu'a germé l'idée de transférer les méthodes de mesure des nanométaux au plastique.
Pour ce faire, elle a mis au point un procédé permettant d'ajouter chimiquement des métaux aux particules de plastique. L'avantage tient dans le fait que les métaux peuvent être mesurés avec des méthodes beaucoup plus sensibles et de manière plus rapide que le plastique.
La chimiste a étudié ce qu'il advient des particules de plastique à l'aide d'une réplique de station d'épuration à petite échelle. Elle a pu montrer que cette station d'épuration des eaux usées élimine plus de 95% des micro- et nanoplastiques de l'eau, les accumulant dans les boues d'épuration.
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Mais cela ne résout pas le problème de la pollution plastique, puisque les boues d'épuration sont utilisées comme engrais dans de nombreux pays, ce qui a pour conséquence de réintroduire les particules de plastique dans l'environnement.
La remise du prix aura lieu le 14 décembre à Zurich, à l'occasion de la manifestation "Building hope for the future – Celebrating progress in sustainability". Denise Mitrano est la treizième lauréate de ce prix doté de 25'000 francs et qui récompense des chercheuses d'exception.
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ats/sjaq
Un prix pour les chercheuses d'excellence
Le FNS décerne le prix Marie Heim-Vögtlin tous les ans à une jeune chercheuse qui a fourni des prestations de recherche exceptionnelles. Les lauréates sont des modèles inspirants. Pendant le subside qui leur a été octroyé, elles ont pu atteindre des résultats remarquables et faire avancer leur carrière de manière décisive.
Marie Heim-Vögtlin – dont le prix honore le nom – est la première Suissesse à avoir été admise comme étudiante en faculté de médecine à l'Université de Zurich en 1868.
Après avoir obtenu son doctorat, elle a ouvert un cabinet de gynécologie et continué à exercer après la naissance de ses deux enfants. Elle fait figure de pionnière de la lutte pour l'accès des femmes aux études supérieures.