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Les cucurbitacées pourraient permettre de dépolluer les sols contaminés

La culture de certains légumes pourrait dépolluer les sols : interview de l’écotoxicologue Nathalie Chèvre (vidéo)
La culture de certains légumes pourrait dépolluer les sols : interview de l’écotoxicologue Nathalie Chèvre (vidéo) / La Matinale / 7 min. / le 25 octobre 2021
Il y a dix jours, la Ville de Lausanne recommandait de ne pas consommer les cucurbitacées dans des zones identifiées après qu'une analyse des sols a révélé la présence de dioxine. Ce type de plantes, plus sensibles à certains polluants, pourrait être utilisé pour la décontamination des terres.

Les cucurbitacées absorbent mieux les polluants, tels que la dioxine, grâce à leur sève qui est différente des autres fruits et légumes. "Il y a une protéine spéciale qui s'accroche à ces polluants et qui les importe dans les fruits", explique Felix Kessler, professeur en physiologie végétale à l’Université de Neuchâtel, lundi dans La Matinale.

Courges, courgettes, potirons, mais aussi concombres et pastèques, toute la famille des cucurbitacées est concernée. Ces dernières ont en effet une capacité plus élevée à capter la dioxine et les polluants hydrophobes, difficiles à dissoudre dans l'eau et donc à extraire du sol.

Des plantes pour dépolluer les sols

Cette propriété pourrait faire des cucurbitacées des super-nettoyeuses de sols pollués, en les cultivant pour absorber les substances toxiques. La technique, appelée la phytoremédiation, existe déjà avec d'autres plantes. "Le tabac, par exemple, est une plante qui absorbe extrêmement bien les métaux lourds, souligne Felix Kessler. On peut effectivement utiliser des cucurbitacées pour remédier à des sols contaminés."

Pour Nathalie Chèvre, écotoxicologue et enseignante à l'Université de Lausanne, parler de super-nettoyeuses est "un peu une utopie". "Les plantes ne sont pas bêtes, elles ne vont pas absorber des substances toxiques. Par contre, certaines en absorbent plus que d'autres et sont une partie de la solution pour nettoyer les sols", nuance-t-elle.

Il existe encore peu de solutions contre les polluants hydrophobes. L'alternative de la culture de cucurbitacées permettrait ainsi d'éviter l'utilisation des machines et de préserver les sols, sans retirer trop de terre.

Nathalie Chèvre rappelle néanmoins qu'avec cette technique, les plantes contaminées ne pourront pas être consommées et devront être éliminées comme des produits toxiques, qui provoqueront à leur tour une forme de pollution.

>> Ecouter aussi les explications de La Matinale :

Les cucurbitacées pourraient permettre de dépolluer les sols contaminés
Dioxines et cucurbitacées / La Matinale / 1 min. / le 25 octobre 2021

Pas de solution miracle

Actuellement, des méthodes à base de substances chimiques réactives insérées dans les terres sont pratiquées pour atténuer la pollution des sols. Les plantes dépolluantes sont également utilisées dans la décontamination de sols pollués à l'arsenic ou au cadmium, rapporte Nathalie Chèvre.

Pour les substances telles que la dioxine, "l'idée est de les stabiliser dans le sol, par exemple avec une couverture végétale", relate l'écotoxicologue. "Avec le temps, il peut y avoir une atténuation naturelle par les micro-organismes qui vont les transformer et les dégrader."

Enfin, le décapage des sols - qui consiste à enlever la terre contaminée pour la remplacer par de la terre propre - est la méthode la plus efficace, selon la chercheuse. Celle-ci est toutefois très coûteuse.

Sujet et interview radio: Alexandra Richard et Agathe Birden

Adaptation web: Isabel Ares

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