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Record de concentrations de gaz à effet de serre en 2020 dans le monde

Les concentrations de gaz à effet de serre, CO2 en tête, ont atteint des records en 2020 dans le monde (image d'illustration). [Keystone - Melanie Duchene]
Les concentrations de gaz à effet de serre ont battu un nouveau record en 2020 / La Matinale / 1 min. / le 26 octobre 2021
Les concentrations de gaz à effet de serre, facteurs déterminants du changement climatique, ont atteint des niveaux record en 2020, a alerté l'ONU lundi, à six jours de la COP26 sur le climat à Glasgow.

Dans son dernier bulletin sur les principaux gaz à effet de serre, l'Organisation météorologique mondiale (OMM), une agence de l'ONU, montre qu'une fois encore les concentrations des trois principaux gaz à effet de serre ont atteint un sommet en 2020.

Le taux d'augmentation annuel des concentrations du dioxyde de carbone (CO2), du méthane (CH4) et du protoxyde d'azote (N2O) a même dépassé l'an dernier la moyenne de la période 2011-2020.

Pas d'effet de la pandémie

Ainsi, le ralentissement de l'économie imposé par la pandémie de Covid-19 "n'a pas eu d'incidence perceptible" sur le niveau et la progression des gaz à effet de serre dans l'atmosphère, malgré un recul temporaire des nouvelles émissions, explique l'OMM.

"Au rythme où augmentent les concentrations de gaz à effet de serre, l'élévation des températures à la fin du siècle sera bien supérieure aux objectifs de l'Accord de Paris, soit 1,5 à 2 degrés Celsius au-dessus des niveaux préindustriels. Nous sommes très loin du but", a averti le secrétaire général de l'OMM Petteri Taalas.

Engagements insuffisants

"Nous devons repenser l'industrie, le secteur énergétique et les transports, et tout notre mode de vie. Les transformations nécessaires sont économiquement abordables et techniquement faisables. Il n'y a pas de temps à perdre", a-t-il ajouté.

Toutefois, selon la dernière évaluation de l'ONU, les engagements actuels de réduction des émissions actuelles de gaz à effet de serre de près de 200 pays conduiraient encore à un réchauffement "catastrophique" de 2,7 degrés.

L'ONU espère donc que les dirigeants mondiaux prendront à Glasgow des mesures pour maintenir la planète sur une trajectoire supportable de réchauffement dans les prochaines années, alors que les données montrent que les niveaux de CO2 ont continué d'augmenter en 2021.

"L'avenir de nos petits enfants"

Le CO2, qui provient principalement de la combustion de matières fossiles et de la production de ciment, est de très loin le principal responsable de ce réchauffement. L'an dernier, sa concentration s'est établie à 413,2 parties par million, soit près de une fois et demie supérieure au niveau préindustriel.

"Il ne s'agit pas juste d'une formule chimique et de chiffres sur un graphique. Cela a des répercussions massives sur notre vie quotidienne et notre bien-être, sur l'état de la planète et sur l'avenir de nos enfants et petits-enfants", a alerté Petteri Taalas.

>> Sur le même sujet : La crise climatique va déstabiliser l'ordre mondial, selon les Etats-Unis

ats/jop

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Réchauffement déjà bien engagé

Le méthane, dont environ 60% des rejets atmosphériques sont d'origine humaine (élevage de ruminants, riziculture, décharges...), et le protoxyde d'azote, dont environ 40% des émissions dans l'atmosphère sont d'origine humaine (engrais et fumiers) ont aussi atteint des pics de concentration en 2020.

Quant au forçage radiatif (la capacité de la Terre à conserver l'énergie du Soleil ou à la renvoyer dans l'espace), qui a pour effet de réchauffer le climat, il s'est accru de 47% entre 1990 et 2020.

La température mondiale continuera d'augmenter tant que les émissions se poursuivront. Et, étant donné que le CO2 demeure pendant des siècles dans l'atmosphère et encore plus longtemps dans l'océan, le réchauffement déjà observé persistera pendant plusieurs décennies, même si les émissions nettes étaient ramenées à zéro rapidement, prévient l'OMM.

Le recours au nucléaire continue de diviser

L'énergie nucléaire, qui n'émet pas de gaz à effet de serre, peut-elle sauver le climat ou au moins faire gagner du temps en attendant le développement d'énergies nouvelles? La question continue de diviser les spécialistes. "Tout ce qui fait baisser les émissions est une bonne nouvelle", répond par exemple le directeur exécutif de l'agence internationale de l'énergie Fatih Birol. "Toutes les sources d'électricité propres me satisfont".

Un des gros avantages de l'énergie nucléaire, source d'environ 10% de l'électricité mondiale, est qu'elle n'émet pas directement de CO2. Et même en analysant l'ensemble des énergies grises liées à son cycle de vie (extraction de l'uranium, béton des centrales, construction et démantèlement, etc...), elle émet beaucoup moins que le charbon ou le gaz, et encore moins que le solaire.

L'énergie nucléaire devrait ainsi augmenter sa part dans "la plupart" des scénarios que le GIEC a élaboré pour limiter le réchauffement de la planète à 1,5°C. Mais les scientifiques du GIEC reconnaissent aussi que "le déploiement futur du nucléaire peut être contraint par des préférences sociétales".

>> Ecouter le débat dans Forum entre Olga Givernet, députée de La République en marche pour le département de l’Ain (France) et Anna Deparnay-Grunenberg, eurodéputée verte allemande :

Politiques nucléaires divergentes en France et en Allemagne: débat entre Olga Givernet et Anna Deparnay-Grunenberg (vidéo)
Politiques nucléaires divergentes en France et en Allemagne: débat entre Olga Givernet et Anna Deparnay-Grunenberg / Forum / 11 min. / le 25 octobre 2021

La Chine encore fortement dépendante du charbon

Les économies de la plupart des pays d'Asie sont encore fortement dépendantes des énergies fossiles. La région Asie-Pacifique compte pour les trois quarts de la consommation globale de charbon, source d'énergie la plus polluante, alors même que la région est particulièrement exposée à l'impact du changement climatique avec des niveaux de pollution mortels en Inde, des vagues de chaleur extrêmes et feux de forêt en Australie ou encore des risques d'inondations.

Les promesses de la Chine et d'autres pays de parvenir à la neutralité carbone suscitent l'espoir d'un futur plus propre, mais la région est engagée dans une transition vers les énergies renouvelables bien trop lente, selon les observateurs.

Cinq pays d'Asie, la Chine, l'Inde, le Japon, l'Indonésie et le Vietnam, représentent 80% des projets de nouvelles centrales à charbon dans le monde, selon un rapport de Carbon Tracker.

Des pays comme l'Indonésie ou la Chine ont annoncé viser la neutralité carbone pour 2060. Mais cette transition ne sera pas évidente.