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Comment les algues nettoyeuses de CO2 pourraient s'avérer cruciales pour le climat

Algues dans l'océan photo sous marine. [Depositphotos - sytnik]
Les algues, des nettoyeuses efficaces de CO2 / La Matinale / 3 min. / le 8 novembre 2021
Tout comme les forêts et autres végétaux, les algues se nourrissent en capturant et en transformant le CO2. A l'heure de la COP26, où la planète cherche des solutions pour freiner le réchauffement climatique, ces dernières représentent un énorme potentiel de développement comme nettoyeuses de CO2.

Les algues, comme toutes les plantes, absorbent le CO2 et rejettent de l'oxygène, sur le principe de la photosynthèse, ce qui rend les forêts et les océans si indispensables. Et sur ce terrain-là, les algues marines sont imbattables, car elles absorbent cinq fois plus de carbone que les forêts.

L’Inde l’a bien compris et veut cultiver plus d’un million de tonnes d’algues dans les trois années à venir. Il en existe de toutes sortes, mais les plus fortes en absorption sont les algues microscopiques que l’on trouve dans le plancton.

"Elles sont le plus grand puits de carbone qui existe, puisque 85% du CO2 qui est absorbé par les océans est assimilé par les algues et le plancton", explique Philippe Potin, directeur de recherche au CNRS. lundi dans La Matinale. "Les premiers projets qu’on a vu se développer en France et dans d’autres pays européens pour adosser les cultures des microalgues se sont faits à proximité des cimenteries, parce que ces dernières voulaient redorer leur image en captant le CO2 en excès qu’elles produisent."

Algues utilisées, puis recyclées

A Fos-sur-mer, près de Marseille, Michael Parra coordonne le projet Vasco: ce sont des microalgues dépolluantes qui absorbent, grâce aux tuyaux raccordés aux bassins, les fumées industrielles situées juste à côté. Les tests menés depuis plus de trois ans sont concluants.

"On avait des fumées très denses, de sidérurgie, de fabrication de plastiques, de traitement de déchets industriels, et ça s’est bien passé", explique le responsable. "L’idée ce n’est pas de retirer 100% des fumées, mais de montrer qu’on apporte une solution peu coûteuse et qui permet même de créer de l’argent."

Car les algues vont également être réutilisées, selon le principe de l’économie circulaire: une fois qu'elles ont bien servi, elles seront transformées en plastique végétal ou en biocarburant.

Si cette partie "recyclage" coûte cher, la culture d’algues elle-même ne demande que peu de moyens et sans besoins en eau douce, puisque les cultures se trouvent souvent sur les zones côtières: la solution semble relativement facile à développer à l'échelle mondiale.

Marché en pleine croissance

Le marché des algues utilisées pour capter le CO2 est d'ailleurs en croissance de 8% par an actuellement. Plusieurs projets de ce type sont en cours en Asie du Sud, visant à restaurer les écosystèmes malmenés par l’activité humaine.

Car si introduire davantage d’algues peut aider l’environnement, cela peut également aider à restaurer des écosystèmes comme les mangroves en Asie du Sud-Est, détruits avec la culture des crevettes, et dont plus d'un milliard de personnes dépendent pour survivre.

Avec des algues qui absorbent déjà 173 millions de tonnes de m3 de carbone chaque année à l’échelle mondiale - l’équivalent des émissions annuelles de l'Etat de New York - le marché des algues nettoyeuses de CO2 n'en est qu'à ses débuts, mais est extrêmement prometteur.

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Virginie Langerock/kkub

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