Avec le nickel et le cobalt, le lithium fait partie du trio des minéraux les plus recherchés en ce moment sur la planète, car nécessaires à la production des voitures électriques de demain. L'Agence internationale de l'énergie estime que la demande mondiale de lithium augmentera de 42% entre 2020 et 2040.
Alors que la Chine contrôle plus de 40% des capacités de production et près de 60% des capacités de raffinage de lithium dans le monde, l'Europe veut réduire sa dépendance vis-à-vis de l'extérieur en relançant sa propre exploitation minière.
Colère populaire contre un projet en Serbie
Mais certains pays européens, comme la Serbie, risquent de faire les frais de ces ambitieux projets. Le groupe Rio Tinto prévoit d’y ouvrir la plus grande mine de lithium d’Europe, ce qui aura un impact sur la vie de milliers de personnes.
Début décembre, des milliers de manifestants ont envahi une autoroute et un pont reliant la capitale Belgrade à ses banlieues périphériques en scandant des slogans antigouvernementaux pendant que certains brandissaient des pancartes critiquant le projet de mine.
De plus petites manifestations ont eu lieu dans d'autres villes et de petites escarmouches se sont produites à Belgrade et à Novi Sad entre opposants et partisans du projet, selon la presse locale.
Le groupe Rio Tinto assure qu’il évitera, préviendra et remédiera au potentiel impact environnemental de cette mine. Il affirme qu’il se plie aux régulations en place et aux standards environnementaux en termes de respect de l’environnement. Il cherche ainsi à minimiser la perte de la biodiversité que pourraient entraîner ses activités minières.
Rio Tinto, qui a engagé 2,4 milliards de dollars dans ce projet, estime qu’il devrait créer environ 1000 emplois à long terme (2000 lors de la construction de la mine), dont 90% seront constitués d’employés serbes.
Devenir moins dépendants des pays producteurs
De fait, l'essentiel de la production de lithium et d'autres métaux nécessaires à la fabrication de batteries électriques provient de Chine, d'Australie et d'Amérique du Sud (Chili principalement). La volonté de l'Union européenne, justement, est de devenir moins dépendante pour son approvisionnement. Mais elle est encore loin de pouvoir concurrencer les pays producteurs et elle devra en accepter les conséquences sur le plan de l'environnement.
"Les coûts environnementaux de l'extraction et de la purification du minerai pour le transformer en métal sont très élevés", a rappelé Karine Samuel, professeure à l'Université Grenoble Alpes, mardi dans La Matinale de la RTS.
Une pollution "exportée" vers des pays lointains
"Il faut beaucoup d'eau, d'énergie, il faut que cette énergie soit produite proprement", a-t-elle souligné. "Si on utilise une énergie à base de charbon, on va émettre du CO2 et dégrader le bilan carbone".
"Aujourd'hui, la pollution de l'environnement liée à la production minière, on ne la voit pas", a encore relevé cette spécialiste des risques des chaînes d'approvisionnement. "Elle est en Chine, au Chili, elle est loin. On a exporté cette pollution et on importe des matières à relativement bas coût".
L'espoir de nouveaux types de batteries
La solution viendra peut-être du développement de nouvelles batteries. "Beaucoup d'experts disent que la batterie lithium-ion que nous utilisons dans nos voitures n'est en fait pas adaptée à cet usage, parce que sa durée de vie est trop courte", a expliqué Karine Samuel. "Donc on peut imaginer que, dans quelques années, on aura fait évoluer la technologie. Mais il est difficile de savoir si on pourra se passer du lithium".
oang avec Romaine Morard et afp
Important projet minier aussi au Portugal
Assis sur les premières réserves européennes de lithium, minerai essentiel à la transition énergétique, le Portugal attend début 2022 le verdict de l'autorité environnementale sur un important projet minier, qui suscite l'inquiétude des riverains et l'intérêt d'une filière industrielle naissante.
Début décembre, le groupe pétrolier portugais Galp Energia et le constructeur de batteries électriques suédois Northvolt ont scellé un accord pour construire au Portugal une des premières usines de raffinage de lithium d'Europe.
L'infrastructure devrait, à partir de 2026, transformer assez de minerai pour produire les batteries d'environ 700'000 véhicules électriques par an.
Si Galp et Northvolt ont décidé de construire une usine de raffinage de lithium au Portugal, c'est qu'ils comptent s'approvisionner en minerai auprès de la société britannique Savannah, qui affirme détenir dans le nord-est du pays "le plus important gisement de lithium d'Europe de l'ouest".
Le projet reste pourtant très impopulaire auprès des près de 500 habitants de la commune de Covas do Barroso, où doit être creusée la mine.
La voiture électrique, enjeu pour les villes suisses
La voiture électrique représente aujourd'hui à peine 1,5% du parc automobile en Suisse. Mais elle fait pourtant l’objet de nombreuses discussions, projets et programmes au sein des villes du pays.
Très prisé, ce type de véhicule pourrait même devenir obligatoire dans quelques années pour circuler dans certaines d'entre elles. Si certaines affichent leurs ambitions, d’autres tâtent encore le terrain avant d’actionner l’interrupteur.