La pêche au chalutage de fond consiste à racler les fonds marin et à ramasser tout ce qui s’y trouve. Bien que cette méthode soit économiquement rentable, elle est un désastre d'un point de vue écologique, selon plusieurs ONG et spécialistes de la mer.
Alors que l'Union européenne prépare pour la fin du printemps 2022 un "plan d’action pour l’océan" destiné à protéger les écosystèmes marins, une pétition de 152'000 signatures a été confiée en décembre 2021 au secrétaire européen chargé du dossier.
Le texte exige l'interdiction immédiate de cette pratique dans les zones marines protégées puis une réduction progressive jusqu’en 2030 de cette technique dans l'UE. Les organisations qui ont remis cette pétition sont soutenues par des universitaires et des consultants en environnement.
De fortes émissions de CO2
"On va avoir jusqu'à 70% des captures qui ne sont pas les espèces recherchées. Dans ces espèces, certaines sont menacées ou en danger comme les requins, les dauphins ou les coraux", explique Nicolas Fournier, directeur de campagne chez OCEANA une organisation de protection des océans et signataire de la pétition.
Il souligne également les fortes émissions de CO2 de cette technique de pêche. "Le poisson pêché par le chalut a l'empreinte carbone la plus forte et, en plus, le chalut qui racle le fond marin va libérer du carbone qui était stocké dans les sédiments", ajoute-t-il.
Pas facile de connaître la méthode de pêche
Du côté des clients et des clientes, il est difficile de savoir comment le poisson acheté a été pêché. La loi suisse stipule que la technique de pêche doit être mentionnée sur l'étiquette de l'emballage ou que le poissonnier ou la poissonnière doit être en mesure d'indiquer la méthode de pêche.
Toutefois, une enquête de la Fédération romande des consommateurs (FRC) menée en été 2021 a montré que seule une enseigne, Manor, a été capable de renseigner le client lors de la vente en vrac.
Pour Barbara Pfenniger, la responsable alimentation à la FRC, ces informations sont primordiales car elles donnent aux consommateurs "la possibilité de choisir. Si ces informations ne sont pas suffisantes, les consommateurs n'ont pas de choix".
Aucun label pour interdire le chalutage
Aucun label ne garantit une pêche qui n’est pas pratiquée au chalut de fond. Même MSC, le plus strict des labels pour la pêche sauvage, n’interdit pas cette méthode. MSC déclare préférer pousser ses pêcheries à faire mieux en posant des exigences de durabilité plutôt que d'interdire. Le label invoque la sécurité alimentaire: selon lui, il est impossible de renoncer à une technique qui capture 25% des prises à l'échelle mondiale et 30% en Europe.
MSC estime que le chalut de fond peut faire de la pêche durable en utilisant des filets plus légers ou en pêchant dans des eaux sablonneuses. Un point de vue que contestent les ONG engagées contre le chalutage.
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Sujet radio: Céline Fontannaz
Adaptation web: Andreia Portinha Saraiva