"Il s'agit de l'un des plus grands récifs coralliens au monde à se trouver à plus de 30 mètres de profondeur", indique dans un communiqué l'Unesco, qui soutient cette mission scientifique. "L'état impeccable des coraux en forme de rose et l'étendue de la zone qu'ils recouvrent en font une découverte très inhabituelle", souligne l'agence onusienne.
Le récif s'étend sur trois kilomètres de long – de manière ininterrompue – et entre 30 et 65 mètres de large, entre 35 et 70 mètres de profondeur. Certains coraux géants mesurent deux mètres de diamètre.
"C'est une zone peu explorée. Ce que nous connaissons bien, ce sont les zones comprises entre zéro et 30 mètres", explique à l'AFP Laetitia Hedouin, biologiste marine et spécialiste des coraux, du centre de recherche français CNRS et de l'organisme de recherche environnementale CRIOBE.
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Une cartographie nécessaire
"Cela fait sans doute des décennies que ces coraux foliacés sont là, probablement entre 30 et 50 ans", remarque Julian Pierre Barbière, chef de la politique marine à la commission océanographique de l'Unesco, joint au téléphone par RTSinfo.
"Il y a très peu de récifs coralliens qui sont dans un si bon état", s'enthousiasme-t-il. "La moitié a été perdue depuis les années 1950 à cause de la surexploitation, la surpêche, le réchauffement climatique et l'acidification des océans".
C'est dans l'océan Pacifique que se concentrent 40% des récifs coralliens de la planète, mais, souligne Julian Barbière, "nous avons peu de connaissance à leur sujet. Les fonds marins ne sont que peu cartographiés, probablement seulement à hauteur de 20%".
Avec la Décennie de l'Océan, l'ONU veut réaliser des cartes de tous les océans de la planète d'ici 2030. Un projet ambitieux qui permettra de mieux comprendre les écosystèmes: "Ce sont 25% de la biodiversité marine qui se trouve dans ce genre de récif. Nous allons sans doute découvrir de nouvelles espèces". Pour l'heure, 157'000 ont été identifiées dans les océans: "Nous pensons qu'au moins 700'000 sont encore à découvrir", précise-t-il.
"Pas de signes de stress"
"Ces coraux ne présentent pas de signes de stress ni de maladie", explique Laetitia Hedouin, alors que des coraux situés plus près de la surface, en Polynésie française, ont connu un épisode de blanchiment en 2019. Des étoiles de mer peuvent également ravager les coraux en les dévorant.
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L'expédition de plongée a eu lieu en novembre 2021, grâce à des équipements de plongée spécifiques pour descendre aussi loin: "L'équipe a effectué des plongées totalisant environ 200 heures pour étudier le récif et a pu assister à la ponte du corail", précise l'Unesco.
Des capteurs de température ont été déposés dans la zone: "Nous sommes au début d'un programme de surveillance que nous espérons à long terme", pour mieux comprendre pourquoi ce récif corallien n'a visiblement pas souffert du changement climatique et quelle est sa dynamique de population.
Cette découverte pose aussi la question de "la prise en compte de ces zones profondes dans l'élaboration des aires marines protégées", souligne Laetitia Hedouin.
"C'est la Décennie de l'Océan… beaucoup se fait pour l'exploration spatiale, mais il faudrait finir le boulot sur Terre! Avoir une connaissance globale de notre océan permettra de mieux le gérer et de trouver des solutions de développement durable pour le protéger", conclut Julian Barbière.
Stéphanie Jaquet et les agences