Pendant deux ans le satellite Sentinel-5P du programme Copernicus de l'agence spatiale européenne (ESA) a scruté notre planète avec Tropomi, son instrument de surveillance troposphérique (lire encadré).
Les images produites illustrent pour la première fois l'ampleur de la pollution de l'air par le méthane (CH4), ce gaz qui est le deuxième plus gros contributeur au réchauffement dû à l'effet de serre. Cet élément chimique possède un pouvoir de réchauffement sur cent ans environ trente fois supérieur à celui du gaz carbonique.
Des panaches de méthane ont été repérés sur des zones très précises de la Terre, notamment au Turkménistan, en Russie, aux États-Unis ou en Iran. Ces volutes sont les témoins, sur les lieux d'exploitation du pétrole et du gaz, de fuites volontaires ou non, de rejets accidentels, ou encore d'opérations de maintenance. Dans les pays du golfe Persique, les exploitations semblent avoir maîtrisé ces fuites.
La partie émergée de l'iceberg
La NASA note (voir vidéo ci-dessous) que les concentrations de méthane ont doublé durant les 200 dernières années, principalement à cause des activités humaines. Seule l'Europe a vu une légère baisse de ces émissions durant les vingt dernières années.
Selon les scientifiques franco-américains qui publient leurs travaux dans la revue Science, les fuites de méthane constituent 10% des émissions du secteur: cela représente l'équivalent de 20 millions de véhicules pendant un an. Ce n'est sans doute que la partie émergée de l'iceberg, les images satellites ne peuvant détecter que les fuites de méthane les plus importantes.
De plus, certaines zones à l'ensoleillement insuffisant, comme le Canada, ou les régions tropicales, avec une couverture nuageuse trop dense, n'ont pas pu être analysées.
Limiter ces fuites de méthane permettrait aux exploitants de valoriser ce gaz qui contribue trente fois plus au réchauffement climatique que s'il était brûlé pour en extraire de l'énergie et finir en gaz carbonique.
Sujet radio: Huma Khamis
Version web: Stéphanie Jaquet
L'ozone, autre gaz à effet de serre surveillé depuis l'espace
L'ozone (O3), situé dans la troposphère – soit dans une partie basse de l'atmosphère – est un polluant atmosphérique et un gaz à effet de serre qui contribue au réchauffement de notre planète. Il est difficile à mesurer en raison de sa courte durée de vie et parce que les concentrations peuvent varier énormément d'un endroit à l'autre.
L'instrument Tropomi de Copernicus Sentinel-5P permet de mieux comprendre la relation complexe entre l'ozone troposphérique et le climat. Il monitore aussi le méthane.
>> Lire l'article des archives de la RTS : Alertes (répétées) au climat