Dans le cadre d'un partenariat franco-chinois, "les scientifiques ont identifié la phéromone sexuelle du frelon asiatique et l'ont testée comme appât en Chine et en France. Ils ont ainsi montré que l'appât phéromonal pouvait attirer de nombreux mâles durant la période de reproduction de l'espèce – de septembre à novembre – et ainsi les éloigner des futures reines à l'origine de nouvelles colonies", explique un communiqué de l'Université de Tours (référence en encadré).
"Ces résultats laissent espérer le développement prochain d'un piège de lutte contre ce frelon invasif, en utilisant cette phéromone sexuelle comme appât sélectif. Comme celui-ci est spécifique à l'espèce, il n'attire que les mâles du frelon asiatique. L'idée est de capturer ces mâles en grand nombre avant qu'ils ne puissent s'accoupler avec les futures reines frelon", selon le communiqué.
"Nous avons mis ces phéromones sur une feuille pour les tester", raconte le Docteur Eric Darrouzet de l'Institut de Recherche sur la Biologie de l'Insecte (IRBI) à l'Université de Tours. "Et ça marche!", se réjouit-il au micro de l'émission CQFD.
"Sur le campus universitaire, à Tours, nous avons mis un bout de papier imbibé de phéromone sexuelle par terre, alors que nous ne voyions aucun frelon aux alentours. Au bout de quelques minutes, des mâles du frelon sont arrivés et qui tournaient autour en cherchant la femelle". Et de préciser: "Théoriquement, tous les mâles de l'espèce, dès qu'ils vont percevoir l'odeur, sont censés venir".
Il ne reste plus qu'à les capturer pour les empêcher de se reproduire ailleurs.
Empêcher les reines de s'accoupler
Les reines "ne pouvant pas s'accoupler avec des mâles, ou alors pas suffisamment, il est envisageable d'imaginer à terme une diminution du nombre de colonies de frelons asiatiques sur le terrain ou des colonies moins populeuses (....) Et si elles s'accouplent avec leurs frères, le phénomène de consanguinité que les chercheurs français avaient mis en évidence s'accroît, donnant lieu également à une diminution du nombre d'individus", relèvent les scientifiques.
Le frelon asiatique, de son nom latin Vespa velutina nigrithorax, "est connu pour les ravages qu'il engendre sur les colonies d'abeilles, sur la biodiversité et les accidents qu'il entraîne chaque année. De nombreuses personnes sont piquées et certaines en décèdent", rappelle le communiqué.
Stéphanie Jaquet et l'ats
Collaboration franco-chinoise
Les résultats de ces travaux viennent d'être publiés dans la revue Entomologia Generalis.
La recherche a été menée dans le cadre d'un partenariat entre l'Institut de recherche sur la biologie de l'Insecte (CNRS/Université de Tours) et le Xishuangbanna Tropical Botanical Garden (Kunming, Chinese Academy of Sciences).
Tout savoir sur le frelon asiatique: la chaîne YouTube du Docteur Eric Darrouzet.