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En Californie, des abeilles ballottées en camion pour butiner les amandiers

La production de lait d'amande a explosé en Californie, aux États Unis, mais l’État ne possède plus assez d’abeilles pour polliniser ses amandiers
La production de lait d'amande a explosé en Californie, aux États Unis, mais l’État ne possède plus assez d’abeilles pour polliniser ses amandiers / 19h30 / 2 min. / le 19 avril 2022
Presque toute la production mondiale d’amandes vient de Californie. Pour qu’il y ait assez d’abeilles pour polliniser les fleurs d’amandiers, les apiculteurs font venir des cargaisons de ruches de l'autre bout du pays et par camions entiers.

Au printemps, ce sont donc des milliers de caisses blanches qui sont disposées au bord des vergers de la Vallée centrale. "Le prix des abeilles a augmenté avec le prix des amandes", explique l’apiculteur Chris Hiatt. "Il y a 20 ans, la location d’une ruche coûtait 30 dollars. Maintenant, c’est 200 dollars."

Sur cette même période, la surface d’amandiers a été multipliées par trois en Californie, qui fournit 80% de la production mondiale d’amandes. Des arbres gourmands en eau, mais aussi en abeilles.

Côte à côte, deux vergers d'amandiers, les uns morts, les autres verdoyants, en 2015. La Californie produit l'essentiel des amandes consommées dans le monde. Une culture intensive vorace en eau. [REUTERS - Lucy Nicholson]
Côte à côte, deux vergers d'amandiers, les uns morts, les autres verdoyants, en 2015. La Californie produit l'essentiel des amandes consommées dans le monde. Une culture intensive vorace en eau. [REUTERS - Lucy Nicholson]

Boom économique

Pour répondre à toute la demande, l’entreprise de Chris Hiatt exploite jusqu’à 20'000 ruches. Il fait voyager ses insectes à travers tout le pays. "Elles vont polliniser les amandes, puis dans un mois et demi, elles iront dans l’Etat de Washington pour les pommes, d’autres resteront ici pour les orangers", détaille l’apiculteur. "Puis elles partiront toutes passer l’été dans le Dakota du Nord".

Les reines, elles, sont importées de Hawaï. Chaque année, en février, les caisses sont transportées en camion. Ce qui fait entre 400 et 500 ruches par remorque.

Les agriculteurs sont prêts à payer le prix fort, car la Californie n’a pas assez d’abeilles pour tous ses vergers. "L’industrie des amandes a connu une telle croissance que pratiquement tous les apiculteurs des Etats-Unis amènent leurs abeilles en Californie", note l'agriculteur Jason Erickson. "Et on paie tellement cher que ça vaut la peine de venir de Floride pour passer six semaines de pollinisation ici, avant de repartir à la maison."

Des abeilles volent autour d'une ruche à Los Banos, en Californie, en 2014. [GETTY IMAGES NORTH AMERICA / Getty Images via AFP - JUSTIN SULLIVAN]
Des abeilles volent autour d'une ruche à Los Banos, en Californie, en 2014. [GETTY IMAGES NORTH AMERICA / Getty Images via AFP - JUSTIN SULLIVAN]

Hécatombe depuis plus de dix ans

Chaque hiver, les vieilles ruches sont nettoyées. Les pertes sont importantes. La population des abeilles américaines souffre des pesticides, mais aussi des parasites venus d’Asie.

"Mon père perdait 5 à 10% d’abeilles chaque hiver. Mais maintenant, avec les parasites, on en perd plus de 40% par hiver, c’est la nouvelle donne depuis 15 ans", déplore Chris Hiatt.

Pour l’apiculteur, la survie des abeilles est par ailleurs un enjeu géopolitique: "Les Etats-Unis ne veulent pas importer plus de nourriture. Avec le Covid, les étals vides et les difficultés sur la chaîne d’approvisionnement, on réalise à quel point on a besoin d’abeilles en bonne santé." Des abeilles qui assurent aussi la sécurité alimentaire et l’indépendance des Etats-Unis.

Reportage TV: Gaspard Kühn
Adaptation web: ami

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