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Deux rapports dénoncent les méfaits des dépôts azotés pour la biodiversité

La sécheresse, l'azote et l'acidification des sols mettent à mal les forêts suisses [Keystone]
Rapport sur l'azote, l'acidification des sols et la sécheresse / Le Journal horaire / 13 sec. / le 16 mai 2022
Deux rapports récents, le premier sur l'observation permanente des forêts et le second sur les émissions excessives d'ammoniac (NH3) dans l'élevage, alertent sur les effets néfastes des dépôts azotés pour la santé des écosystèmes et des humains.

L'azote, l'acidification des sols et la sécheresse liée au changement climatique mettent les forêts suisses à rude épreuve. C'est ce que montre un premier rapport d'observation permanente des forêts commandé par huit cantons et publié lundi.

Le rapport de l'Institut de biologie végétale appliquée (IAP) a étudié la santé des forêts sur 190 surfaces d'observation de 2017 à 2021. Il a été rédigé à la demande de huit cantons (AG, BL, BS, BE, GR, SO, TG et ZH) et des services de l'environnement de Suisse centrale.

Forêts en péril

Les apports élevés d'azote entraînent une carence d'autres nutriments et donc un affaiblissement des essences d'arbres étudiés, à savoir le hêtre, l'épicéa et le chêne. La sensibilité aux parasites et aux effets du changement climatique, comme la sécheresse et les tempêtes, augmente en conséquence et la croissance des arbres est freinée.

La diversité et la quantité de champignons mycorhiziens (lire encadré), elles, diminuent. Les arbres peuvent donc moins bien absorber les nutriments et l'eau. Pour que la forêt soit durable et saine, il faut continuer à réduire les apports d'azote provenant de l'agriculture (élevage), de l'industrie et du trafic, selon le rapport. Ce problème était déjà soulevé en 2009.

Humains et écosystèmes touchés

Le deuxième rapport publié mardi et intitulé "Ammoniac : la situation dans une sélection de cantons suisses" est mandaté par les ONG environnementales Birdlife, WWF, Pro Natura et Médecins en faveur de l’Environnement. Le constat est tout aussi alarmant pour la biodiversité, la qualité de l'air et de l'eau, le climat, les moyens de subsistance et la santé des humains et des autres animaux.

Ce rapport analyse la situation des émissions d'ammoniac dans neuf cantons dans lesquels l’élevage animal est particulièrement intensif (ZH, LU, BE, ZG, FR, TG, SG, AR, AI). L'élevage est en effet la source principale d'émissions d'ammoniac (NH3), et l'ammoniac est un gaz qui produit des dépôts azotés.

Solutions proposées

L’étude montre aussi l’importance d’agir de façon déterminée. Une agriculture adaptée au site permettrait de réduire efficacement la quantité d’ammoniac dans l’environnement. Pour y parvenir, la politique agricole devrait être "cohérente" et "les exploitations tournées vers l’avenir soutenues de manière ciblée".

Toujours selon l'étude, pour réduire efficacement les émissions d’ammoniac, il serait aussi nécessaire d’encourager la production et la consommation de protéines végétales. La Confédération devrait soutenir les exploitations agricoles qui souhaitent arrêter l’élevage animal ou réduire la densité du bétail, et les subventions qui encouragent directement ou indirectement les excédents d’azote devraient être repensées.

Julien Furrer avec ats

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Les champignons mycorhiziens

Les champignons mycorhiziens sont des champignons qui entrent en relation symbiotique avec les racines des plantes. Ces derniers décuplent ainsi les capacités d'absorption de l'eau et de nutriments des systèmes racinaires des végétaux, et donc notamment des arbres.

Par cette relation d'entraide mutuelle avec les végétaux, ils contribuent à la croissance et à la bonne santé des plantes. Cette croissance peut même être parfois multipliée par dix.