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Les biocarburants, mauvaise option pour s'affranchir du pétrole en temps de crise alimentaire

Les pistolets à essence dans l'Union européenne arborent désormais une nouvelle indication sur le taux de biocarburants. [AFP - Philippe Huguen]
Il faudrait renoncer aux biocarburants pour s'affranchir du pétrole / La Matinale / 2 min. / le 30 mai 2022
La sécheresse dans le monde et le grenier de l'Europe en guerre pourraient conduire à une "véritable crise alimentaire comme celle de 2010-2012", alertent des économistes de Credit Suisse. Face à cette situation, plusieurs organisations appellent à stopper la production de biocarburants.

La situation est toujours plus tendue sur le marché des denrées alimentaires, conséquence des sécheresses et de la guerre en Ukraine. Plusieurs pays ont déjà imposé des quotas ou des restrictions sur les exportations de céréales et d'huiles. Et l'Union européenne, elle, est prête à renoncer cette année à laisser des terres en jachère.

Mais il y a d'autres solutions. Plusieurs organisations appellent ainsi à stopper la production de biocarburants, produits à partir de maïs ou de colza par exemple. Selon l'Institut des ressources mondiales (World Resources Institute) à Washington, qui a fait le calcul, si l'Europe renonçait à produire du biodiesel, cela compenserait facilement toutes les exportations d'huile d'Ukraine.

Pression trop forte sur les terres agricoles

L'association européenne Transport et Environnement (T&E) estime elle aussi qu'il n'y a pas de sens à cultiver du maïs ou du colza pour en faire des biocarburants. La pression sur les terres agricoles est trop forte, dénonce sa directrice énergie Laura Buffet, interrogée lundi dans la Matinale de la RTS.

"Au niveau de l'UE, c'est à peu près 60% de la production d'huile de colza qui va dans les agrocarburants", souligne-t-elle. "Et au total c'est à peu près 5% des surfaces agricoles qui sont dédiés à produire des cultures alimentaires pour les agrocarburants".

L'UE cherche à corriger le tir

Au niveau mondial, la production a explosé depuis vingt ans, car les biocarburants étaient vus comme la panacée pour s'affranchir du pétrole. Mais l'Union européenne cherche désormais à corriger le tir et à réduire l'impact négatif des biocarburants. L'Allemagne, en particulier, est en pleine remise en question.

Ailleurs, en revanche, la tendance se poursuit, note Laura Buffet. "Il y a des pays comme les Etats-Unis, l'Indonésie ou le Brésil qui ont des politiques en place pour pousser l'utilisation de biocarburants", rappelle-t-elle.

L'exception suisse en matière de biodiesel

Dans ce contexte, la Suisse fait plutôt figure d'exception, relève le directeur de Biofuels Suisse. "Nous avons le principe 'assiette-écuelle-jerrican'. Chez nous, il n'est absolument plus question d'utiliser des 'cultures agricoles' pour faire du biodiesel", explique Martin Joss.

La Suisse se limite à une production issue de déchets, d'huiles usagées. C'est bien plus durable, mais le potentiel de croissance reste aussi plus limité.

Sandrine Hochstrasser/oang

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