"Tous les cinq à sept ans, les modèles climatiques sont réajustés par rapport aux quantités de gaz à effet de serre émises dans l'atmosphère. Chaque année, on augmente les quantités au lieu de les réduire. Le plus mauvais des scénarios était celui où on ne faisait rien. Mais en réalité on n'a pas rien fait: on a fait pire", explique la spécialiste mardi dans La Matinale.
"La Suisse est déjà en train de changer, plus vite que prévu, comme partout ailleurs. Ce qui est bien visible, ce sont les glaciers qui reculent beaucoup plus vite que ce qui était imaginable. Les températures augmentent, les canicules sont plus fréquentes et il y a beaucoup moins de neige. Tous ces phénomènes sont en train de se renforcer et la vitesse s'accélère", alerte la professeure de l'Université de Neuchâtel.
Selon Martine Rebetez, la saisonnalité des précipitations, sous forme de pluie ou de neige, va beaucoup changer. "La fonte de la neige se produit de plus en plus tôt."
Moitié moins de jours de neige d'ici 2100?
Si les émissions de gaz à effet de serre ne diminuent pas dans les prochaines années, les jours d'enneigement dans les Alpes européennes pourraient être divisés par deux d'ici 2100, selon une étude.
Les montagnes qui culminent à 2500 mètres perdraient notamment l'équivalent de trois mois de neige, selon la recherche parue mardi dans la revue Hydrology and Earth System Sciences.
A l’inverse, si l'accord de Paris est respecté et que l'augmentation de la température sur Terre reste limitée, la perte d'enneigement ne serait pas aussi forte.
"En Suisse, selon l'altitude, on peut limiter la baisse des jours d’enneigement à 10% ou 20% si on réduit nos émissions à 1,5 ou 2 degrés. Autrement, les dégâts seront deux à trois fois plus forts", explique le chercheur Michael Matiu.
>> Les précisions dans La Matinale:
Propos recueillis par Eric Guevara-Frey/gma/vl