La centrale nucléaire de Beznau tourne toujours malgré la surchauffe de l'Aar
Après avoir circulé dans les installations de Beznau (AG) pour refroidir la centrale, la température de la rivière dépasse depuis trois jours les 25 degrés au moment où elle rejoint son cours. Selon les règles de la Confédération, les réacteurs auraient donc dû être mis à l'arrêt afin de préserver l'environnement.
Mais l'Office fédéral de l'énergie a prévu des exceptions pouvant être accordées aux centrales nucléaires si cela s'avère nécessaire pour des raisons importantes, telles que la sécurité des réacteurs, la sécurité de l'approvisionnement ou la stabilité du réseau. Or, pour la première fois depuis l'instauration de cette norme de température en 2019, une menace sur la sécurité de l'approvisionnement a précisément été déclarée.
"Selon nous, la sécurité de l'approvisionnement n'est pas menacée immédiatement", a précisé mardi dans le 19h30 de la RTS Jürg Rauchenstein, spécialiste Réseaux et Europe à la Commission fédérale de l'électricité ElCom. "Mais s'il fallait mettre Beznau à l'arrêt, la situation déjà tendue de l'approvisionnement en vue de l'hiver prochain serait encore péjorée, c'est pourquoi nous avons estimé que oui, la sécurité de l'approvisionnement est en jeu et la centrale ne doit pas être arrêtée".
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Flots en surchauffe
À Beznau, les deux réacteurs sont conçus sans tour de refroidissement. L'excédent de chaleur de la centrale est donc directement rejeté dans l'Aar.
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"L'eau de refroidissement est captée en amont", détaille Noël Graber, porte-parole d'Axpo, l'exploitant de Beznau. "Elle passe dans les condensateurs et refroidit le réacteur, elle est ensuite rejetée de l'autre côté de l'île en aval dans le fleuve."
Pêcheurs mécontents
Ce double réchauffement aquatique – provoqué par la canicule et la centrale – fâche les pêcheurs, car la survie des poissons est en jeu.
Pour David Bittner, administrateur de la Fédération suisse de pêche, la dérogation ne doit pas devenir la règle. Ici comme ailleurs, les dommages de la production d'énergie doivent être limités: "Il faut agir plus vite et plus fort pour compenser les effets négatifs comme ceux qu'on voit se développer ici", plaide-t-il.
La Suisse fait donc face à un dilemme: protection de la nature contre approvisionnement électrique, alors que chaque kilowattheure produit est précieux pour affronter la pénurie qui s'annonce cet hiver.
Reportage TV: Julien Guillaume et Pascal Jeannerat
Adaptation web: ami avec ats