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Des itinéraires populaires alpins condamnés cet été en raison de la canicule

Les guides de Zermatt (VS) déconseillent l’ascension du Cervin. La chaleur rend les conditions dangereuses
Les guides de Zermatt (VS) déconseillent l’ascension du Cervin. La chaleur rend les conditions dangereuses / 12h45 / 1 min. / le 31 juillet 2022
Certains sentiers de randonnée et itinéraires d'alpinisme parmi les plus populaires des Alpes ont été fermés cet été, la canicule et la fonte des glaciers les ayant rendus trop dangereux.

Chaque été, randonneurs et touristes se jettent habituellement avec ferveur sur les sentiers alpins dans l'espoir d'atteindre certains des plus beaux sommets d'Europe. Mais la fonte des glaciers et le dégel du permafrost, des phénomènes qui selon les scientifiques sont dus au changement climatique, ont rendu des itinéraires trop dangereux, avec notamment des chutes de pierres répétées.

"Actuellement dans les Alpes, il y a des mises en garde pour environ une dizaine de sommets, dont les sommets emblématiques comme le Cervin et le Mont-Blanc", a déclaré le secrétaire général de l'Association suisse des guides de montagne (ASGM) Pierre Mathey. "Normalement, c'est des fermetures que l'on voit plutôt au mois d'août. Là, elles ont eu lieu fin juin, début juillet", a-t-il ajouté.

 >> Une carte de SwissTopo montrant l'évolution des Alpes entre les années 1980 et aujourd'hui:

Les guides renoncent à certains itinéraires

Les guides qui acheminent habituellement chaque année des milliers de passionnés vers les plus hauts sommets d'Europe ont décidé de ne plus emprunter certains itinéraires pour l'ascension du Mont Blanc. Une décision "pas facile à prendre" mais nécessaire face aux "conditions particulièrement délicates de ces dernières semaines dues à la hausse significative des températures", ont expliqué les guides alpins italiens sur leur page Facebook cette semaine.

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En Suisse aussi, les guides ont renoncé à l'ascension de la célèbre Jungfrau. Ils ont également déconseillé de suivre les itinéraires situés sur les versants italien et suisse du Cervin.

Ces mesures sont un coup dur après deux saisons difficiles marquées par la pandémie de Covid-19, a expliqué le président de l'association des guides de la vallée d'Aoste en Italie Ezio Marlier. "Ce n'est pas simple, après deux saisons presque totalement vides, de prendre la décision d'arrêter le travail", a-t-il dit.

Il déplore toutefois que de trop nombreuses personnes annulent leur séjour alors que certains itinéraires restent praticables. "On a la possibilité de faire plein d'autres choses, mais normalement les gens qui veulent le Mont-Blanc, ils veulent le Mont-Blanc".

Des glaciers fragilisés

L'accès aux glaciers qui ont fondu à un rythme accéléré cette année comporte également des risques. "Les glaciers sont actuellement dans l'état qu'ils connaissent habituellement à la fin de l'été, voire plus tard", a expliqué Andreas Linsbauer, glaciologue à l'Université de Zurich. "Il est certain que nous allons battre un record".

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Une photo prise par hélicoptère le 3 juillet après l'effondrement du glacier de la Marmolada. [Keystone - Andrea Solero]
Une photo prise par hélicoptère le 3 juillet après l'effondrement du glacier de la Marmolada. [Keystone - Andrea Solero]

Selon l'expert, cet été "vraiment extrême" pour les glaciers est dû à une combinaison de facteurs. Les chutes de neige exceptionnellement faibles l'hiver dernier ont amenuisé le manteau neigeux protégeant les glaciers de la chaleur. Et le sable venu du Sahara plus tôt dans l'année a assombri la neige, ce qui la fait fondre plus rapidement.

Enfin, les vagues de chaleur successives qui ont frappé l'Europe depuis mai ont accéléré la fonte des glaciers, les rendant instables, comme en Italie, où un énorme bloc du glacier de la Marmolada s'est effondré en juillet, une tragédie ayant fait onze morts.

Le glacier avait été fragilisé par le réchauffement climatique ainsi que par des températures record enregistrées cette année en Italie, dont 10°C au sommet de la Marmolada la veille de la catastrophe. Les fortes chaleurs ont accéléré sa fonte et l'eau s'est accumulée sous la calotte glaciaire, la rendant instable.

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Formation de poches d'eau dangereuses

Pour Mylène Jacquemart, spécialiste des glaciers à l'Ecole polytechnique fédérale de Zurich (EPFZ), l'effondrement de l'énorme bloc du glacier de la Marmolada comporte encore des inconnues. "Mais de façon générale, plus les eaux fondent et plus la situation se complique et devient dangereuse", a-t-elle affirmé.

Pierre Mathey a souligné lui aussi que "ces poches d'eau, dans des périodes de grand beau temps avec des températures très chaudes, sont un danger supplémentaire, parce que ça n'est pas visible".

Il reste néanmoins confiant, estimant que les guides trouveront des itinéraires alternatifs. "La résilience est vraiment l'ADN du guide de montagne, ainsi que l'adaptabilité". "C'est la montagne qui décide, pas l'humain", a-t-il encore ajouté.

afp/iar

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