Sous nos latitudes, son cri strident est annonciateur du printemps. En vol, les ailes déployées, le milan noir est reconnaissable à sa silhouette en forme de W aiguisé.
En Suisse, plus d'un rapace sur cinq a choisi de s'établir à Genève. "En termes de nidification, il est vraiment très présent. Dans certains bois, on peut avoir près de dix nids sur un kilomètre carré, ce qui est vraiment énorme", explique Noah Clerc, le responsable de la section genevoise du Groupe des Jeunes de Nos Oiseaux.
À Russin, dans l'ouest du canton, des dizaines de volatiles se massent au-dessus des vignes. "On assiste au rassemblement des milans noirs, qui sont en train de prendre leur départ pour la migration automnale", indique l'ornithologue. "On a de la chance, on a un joli groupe qui tourne au-dessus de nous", s'enthousiasme-t-il.
Des hauts et des bas
Aujourd'hui le milan noir se plaît dans le ciel helvétique. Mais il a connu des temps plus difficiles. "Au XIXe siècle, c'était un rapace assez rare, qui avait fortement régressé avec la chasse et l'utilisation de produits pesticides", raconte Noah Clerc.
"Grâce à toutes les réglementations qui ont permis de protéger les grands rapaces, il a pu gentiment se remettre à prospérer", poursuit-il. La population suisse de milans noirs est désormais l'une des plus denses d'Europe, surtout à Genève. La raison? Le rapace affectionne la proximité de l'eau, souligne Noah Clerc. Le château d'eau de l'Europe est donc tout indiqué pour l'héberger.
En raison du réchauffement climatique, les milans noirs sont arrivés cette année au bout du lac avec deux semaines d'avance, soit à la fin du mois de février. Si les températures continuent d'augmenter, l'oiseau pourrait peut-être ne plus avoir besoin de retourner hiverner en Afrique.
Witold Langlois/ami