Alexandrie a été désignée par le Forum économique mondial (WEF) comme l’une des 11 “sinking cities” (“villes qui sombrent”), aux côtés de Lagos au Niger ou Venise en Italie.
Les scénarios les plus alarmants la voient sous l’eau d’ici 2100 si rien n’est fait. Mais les autorités égyptiennes ont lancé il y a cinq ans des projets titanesques. Elles ont commencé le bétonnage de 160 kilomètres de plages.
"C’est clair que le niveau de l’eau n’arrête pas d’augmenter. Depuis cinq ou six ans, le changement climatique ne fait qu’empirer ici”, a confirmé un pêcheur dimanche dans le 12h45 de la RTS.
Une citadelle devenue symbole de la fragilité
Construite au 15e siècle, la citadelle de Qaitbay est devenue le symbole de la fragilité d'Alexandrie. Pour la protéger, une forteresse de 5000 blocs de bétons est érigée pour tenter de freiner son érosion.
"Elle est construite sur un rocher qui s’érode", explique Isham Zaki, chargé depuis 25 ans de protéger la côte et son patrimoine. "Si on ne fait rien, elle va disparaître”.
Selon un rapport d’experts, le niveau de la Méditerranée pourrait augmenter de 50 centimètres d’ici 30 ans à Alexandrie. Et certains habitants paient déjà le prix fort du changement climatique: ces dernières années, des centaines maisons, jugées trop fragiles par les autorités, ont été démolies au bord de la mer.
Le danger de l'eau salée pour les terres
Et le problème ne se limite pas au risque de submersion. “Quand on parle de changement climatique, on pense aux inondations causées par la montée des eaux. Mais il y a un autre problème très grave: c’est l’intrusion de l’eau salée dans les terres", souligne Mohamed Abd Rabo, climatologue et fondateur du Centre de recherche sur le changement climatique à Alexandrie.
"Quand le niveau de la mer augmente, l’eau salée s’infiltre dans le sol et endommage les infrastructures et les fondations des bâtiments,” précise-t-il.
A Alexandrie, la disparition des plages, du patrimoine et des terres d’ici 2050 dans la région pourraient faire perdre 33 milliards de francs à l'Egypte et provoquer une vague migratoire sans précédent.
Mathilde Delvigne/oang