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Glaciers en péril, un effondrement sous haute surveillance

Les 1400 glaciers qui recouvrent la Suisse pourraient avoir totalement disparu d’ici la fin du siècle, selon les experts en glaciologie et climatologie. Nouvo de la RTS s'est rendu sur les glaciers de Tsanfleuron et du Rhône avec des scientifiques.

Cet été 2022, marqué par des canicules à répétition, n'a fait aucun cadeau aux glaciers suisses. La fonte estivale est exceptionnelle: jusqu'à dix fois supérieure à la moyenne des dix dernières années. Cette météo estivale s'ajoute à un hiver particulièrement doux et sec qui n'a pas permis aux glaciers d'accumuler assez de neige.

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En Haut-Valais, sur le glacier du Rhône, les glaciologues de l'Ecole polytechnique fédérale de Zurich (EPFZ) ont estimé que la couche de glace diminuait en moyenne de 10 centimètres par jour sur cette période, ce qui représente une ablation de 10 mètres d'épaisseur sur l'été.

Dans le canton de Vaud, les glaciers des Diablerets ont aussi connu un été tristement historique. Le col de Tsanfleuron, à 2800 mètres d'altitude, sépare les glaciers du Scex rouge et de Tsanfleuron. Pour la première fois depuis plusieurs milliers d'années, ce col est totalement libéré de la glace. En 2012, il était encore recouvert d'une douzaine de mètres de glace.

>> Le reportage sur le glacier de Tsanfleuron avec Martine Rebetez : Sur le massif des Diablerets, les glaciers de Tsanfleuron et du Scex Rouge sont désormais séparés

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Une Suisse sans glaciers en 2100?

Pour le professeur Daniel Farinotti, glaciologue à l'EPFZ, le glacier du Rhône est "emblématique" de la situation des glaciers alpins, qui pourraient totalement disparaître d'ici la fin du siècle si les accords de Paris ne sont pas respectés.

Ce texte a été signé en 2016 par 193 pays, dont l'Union européenne, qui se sont engagés à réduire leurs émissions de gaz à effet de serre afin de limiter le réchauffement global à 2 degrés comparé à l'époque préindustrielle.

Daniel Farinotti est l'un des auteurs d'une étude publiée au mois d'août par l'EPFZ et l'Institut fédéral de recherche sur la la forêt, la neige et le paysage. En se basant sur des photos historiques, les chercheurs ont pu déterminer que les glaciers suisses ont perdu la moitié de leur volume entre 1931 et 2016. Ils notent que ce rythme de fonte s'est particulièrement accéléré depuis la fin des années 1990 et que, depuis 2016, ils ont encore perdu 12% de leur masse en seulement six ans.

On a augmenté chaque année les émissions annuelles de CO2 de 50% par rapport à celles du début des années 1990

Martine Rebetez, climatologue à l'Université de Neuchâtel

Pour les professeurs Daniel Farinotti et Martine Rebetez, climatologue à l'Université de Neuchâtel, cette accélération de la fonte des glaciers est le résultat des activités humaines, des quantités de CO2 émises qui s'accumulent dans l'atmosphère.

Désabusée par l'inaction des dirigeants politiques, Martine Rebetez pointe du doigt "les intérêts à court terme de l'argent du pétrole", soulignant que lors des trente dernières années, "on a augmenté chaque année les émissions annuelles de CO2 de 50% par rapport à celles du début des années 1990".

Répercutions sur les activités humaines

Les glaciers sont nos réserves d'eau douce, essentielles en été quand les pluies sont rares. Leur fonte alimente les cours d'eau en Europe. Si ces glaciers disparaissent, les cours d'eau dépendront uniquement des précipitations. Cela aura donc forcément des conséquences sur toutes les activités humaines qui dépendent de ces cours d'eau: agriculture, industrie et énergie (barrages hydroélectriques), expliquent Daniel Farinotti et Martine Rebetez.

La fonte des glaciers peut également représenter un risque pour nos infrastructures et les habitations des vallées alpines. En Suisse, soixante glaciers sont considérés comme dangereux par les autorités, précise Pascal Stoebener, chef de la Section des dangers naturels du canton du Valais où se trouve la plus grande partie de ces glaciers.

Avec la fonte des glaciers, certains qui représentaient un danger ont disparu ou ne présente plus de risque alors que d'autres, comme le glacier du Rhône, peuvent le devenir. Parmi les soixante glaciers recensés comme dangereux, seulement quatre font l'objet d'une surveillance permanente, à l'aide de caméras et d'analyses satellites.

Marc Gagliardone

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