François Turrian: "La Suisse ne fait plus de grands pas pour protéger la nature"
Depuis dix ans, la Suisse n'assume plus son obligation de mieux protéger les espèces animales et végétales prioritaires à l'international, constatait la Convention de Berne, fin novembre. Seul 1,4% de ce qui serait nécessaire a été fait, ce qui en fait la lanterne rouge de l'Europe.
"La Suisse n'en fait pas assez", estime François Turrian, directeur romand de l'association Birdlife, lundi dans La Matinale de la RTS. "C'est bien qu'elle donne de la voix au côté des nations les plus progressistes et ambitieuses. Mais il y a une question de crédibilité. Un organisme sur trois est menacé de disparition dans notre pays."
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Un "manque de volonté politique"
François Turrian dénonce un "manque de volonté politique". S'il salue des "actions fortes" dans les années 1980 et 1990, citant la création des réserves d'oiseaux d'eau ou l'initiative pour la protection des marais, il regrette qu'il y ait désormais un "silence radio" sur la biodiversité. "La Suisse ne fait plus de grands pas pour protéger la nature", déclare-t-il. Selon lui, il y a un manque de ressources financières et humaines pour effectuer "correctement" ce travail.
"Le changement climatique et la biodiversité sont les crises majeures auxquelles sont confrontées les humains. (...) Au-delà de la survie des plantes et des animaux, c'est la survie de l'espèce humaine qui se joue avec la biodiversité", souligne le directeur romand de l'association Birdlife.
Un accord à la COP15 est possible
Pour François Turrian, la Suisse devrait "immédiatement" augmenter les surfaces dédiées à la nature pour atteindre 30% de surfaces protégées ou proches de l'état naturel.
Le représentant de Birdlife est optimiste pour la COP15. Il juge qu'un accord est encore possible. "Ce sera difficile, car on part de loin. Il faut essayer de protéger de manière concrète 30% des terres et des mers d'ici 2030. C'est un véritable compte à rebours qui a commencé."
Propos recueillis par Valérie Hauert/vajo