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Christian Grataloup: "L’humain est une espèce invasive qui doit gérer sa réussite"

L'invité de La Matinale (vidéo) - Christian Grataloup, géohistorien
L'invité de La Matinale (vidéo) - Christian Grataloup, géohistorien / La Matinale / 13 min. / le 19 décembre 2022
Invité de La Matinale de la RTS, le géo-historien français Christian Grataloup a délivré un message rassurant quant au futur de l’humanité sur Terre. A condition qu’une gestion globale de son impact sur la planète et des ressources à préserver puisse émerger, malgré le très grand fractionnement des sociétés.

Avec une vingtaine de scientifiques, Christian Grataloup signe "L’Atlas historique de la Terre", un panorama à couper le souffle sur l’histoire de notre planète, du Big Bang créateur de l’Univers au constat d’une planète Terre saturée.

"Nous sommes les héritiers de nombreuses histoires feuilletées – celle de la Terre dans le système solaire, celle de la vie, celle des mammifères, celle des humains", a raconté l’historien et géographe lundi au micro de La Matinale.

Toutes ces histoires ont transformé la Terre. L’Homme est le dernier épisode en date, un épisode que l’on présente volontiers aujourd’hui comme douloureux et néfaste pour la planète.

"Nous sommes 8 milliards, nous sommes une espèce invasive, la seule espèce ubiquiste, présente pratiquement dans tous les milieux. Mais ce n'est pas forcément un mal, à condition de le gérer", nuance Christian Grataloup.

Il n'y a pas un optimum de nombre d'humains. Nous pouvons tout à fait en nourrir 10 milliards sur Terre! Actuellement, si on les nourrit mal, c'est une question de rapports sociaux

Christian Grataloup, géo-historien et auteur de l’"Atlas historique de la Terre"

Si la planète apparaît aujourd’hui comme saturée par les activités humaines, ce n’est pas directement notre nombre qui est en cause, estime l’auteur de cet atlas historique. "Il n'y a pas un optimum de nombre d'humains. Nous pouvons tout à fait en nourrir 10 milliards sur Terre. Actuellement, si on les nourrit mal, c'est une question de rapports sociaux entre les différents humains", pointe-t-il.

Une tendance à gaspiller

La solution passe aussi par des moyens de production moins néfastes pour la planète. "La saturation est plutôt dans l'usage débridé que l'on fait de tout un tas de choses, qu'on frappe rapidement d'obsolescence... Nous gaspillons", critique Christian Grataloup.

Il souligne par exemple que l’Homme a tendance à gaspiller certaines ressources parce qu’il oublie le temps très long qu’il a fallu pour les constituer. A l’instar des hydrocarbures ou encore du calcaire, utilisé pour fabriquer du béton, des éléments "que l’on utilise beaucoup trop facilement" selon lui. "Il faut essayer de les gérer avec parcimonie, avec prudence", plaide le scientifique.

Le moment où les choses se sont accélérées, c'est la révolution industrielle. Il y avait une volonté de transformer la Terre, d'en être possesseurs, de la façonner pour nous.

Christian Grataloup

Peut-on identifier une époque précise où les humains se sont mis à maltraiter la planète? "Le moment où les choses se sont accélérées, c'est la révolution industrielle. Il y avait une volonté de transformer la Terre, d'en être possesseurs, de la façonner pour nous, les humains, avec une certaine démesure, avec l’idée du progrès", analyse Christian Grataloup. Mais aujourd’hui, "on en est bien revenus", note-t-il encore.

"L’espèce des humains est une espèce qui a particulièrement bien réussi. Mais cette réussite, il faut la gérer", résume Christian Grataloup. Pour lui, dire "on court à la catastrophe" n’est pas forcément un message désespéré, mais plutôt un message de responsabilité.

Gestion globale nécessaire

"Ce dont on crève actuellement, c'est du fractionnement des sociétés. Biologiquement, il y a une seule humanité, mais il y a une multitude de sociétés profondément différentes", note-t-il.

Pour sauver la planète du point de vue de l’Homme, il plaide pour une gestion commune et une régulation maximum, qui doit nécessairement se faire à l'échelle de l'ensemble de l'humanité. "Si on est un peu raisonnables, si on défend les espèces qui disparaissent, si on a une gestion plus raisonnée, alors oui, on a de fortes chances que tout ne se passe pas si mal que ça".

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Propos recueillis par David Berger
Adaptation web: Vincent Cherpillod

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