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Les Etats membres de l'ONU s'accordent sur un traité de protection de la haute mer

Les Etats membres de l'ONU se sont mis d'accord sur le premier traité international de protection de la haute mer.
Les Etats membres de l'ONU se sont mis d'accord sur le premier traité international de protection de la haute mer. / 19h30 / 1 min. / le 5 mars 2023
Après des années de discussions, les Etats membres de l'ONU se sont mis d'accord samedi sur le premier traité international de protection de la haute mer, destiné à contrecarrer les menaces qui pèsent sur des écosystèmes vitaux pour l'humanité. Le texte sera adopté à une date ultérieure.

"Le navire a atteint le rivage", a déclaré la présidente de la conférence Rena Lee. Après plus de 15 ans de discussions, dont quatre années de négociations formelles, la troisième "dernière" session à New York a finalement été la bonne, ou presque.

Les délégués ont finalisé le texte au contenu désormais gelé sur le fond, mais il sera formellement adopté à une date ultérieure après avoir été passé au crible des services juridiques et traduit pour être disponible dans les six langues officielles de l'ONU.

Malgré tout, "c'est une étape majeure", a commenté avant l'accord Veronica Frank, de Greenpeace, soulignant qu'il faudrait toutefois prendre garde à ce que ce processus ne soit pas "une porte dérobée pour rouvrir des questions".

Des écosystèmes vitaux

La haute mer commence où s'arrêtent les zones économiques exclusives (ZEE) des Etats, à maximum 370 kilomètres des côtes, et n'est donc sous la juridiction d'aucun Etat.

Même si elle représente plus de 60% des océans et près de la moitié de la planète, elle a longtemps été ignorée dans le combat environnemental, au profit des zones côtières et de quelques espèces emblématiques.

>> Lire aussi : Les hautes mers, zones de non-droit "libres d’être exploitées et polluées"

Avec les progrès de la science, la preuve a été faite de l'importance de protéger tout entier ces océans foisonnant d'une biodiversité souvent microscopique, qui fournit aussi la moitié de l'oxygène que nous respirons et limite le réchauffement climatique en absorbant une partie importante du CO2 émis par les activités humaines.

"On parle d'écosystèmes tout entiers", abonde la spécialiste du droit international de l'environnement Valérie Wyssbrod, invitée dimanche soir dans l'émission Forum de la RTS. "C'est non seulement ce qu'on connaît, ce qu'on peut voir, baleines, poissons... Mais il y a aussi de nombreux micro-organismes qui habitent les océans et sont importants pour tout le fonctionnement de notre planète", détaille celle qui est aussi enseignante dans les universités de Neuchâtel, de Lausanne et de Fribourg.

>> Ecouter l'interview de Valérie Wyssbrod dans Forum :

Valérie Wyssbrod, spécialiste du droit international de l’environnement et professeure aux Universités de Neuchâtel, Lausanne et Fribourg. [LinkedIn - DR]LinkedIn - DR
Un premier traité international de protection de la Haute mer conclu à l’ONU: interview de Valérie Wyssbrod / Forum / 5 min. / le 5 mars 2023

Création de zones protégées

Les océans s'affaiblissent, victimes de ces émissions (réchauffement, acidification de l'eau...), des pollutions en tout genre et de la surpêche. Le nouveau traité, quand il entrera en vigueur après avoir été formellement adopté, signé puis ratifié par suffisamment de pays, permettra de créer des aires marines protégées dans ces eaux internationales.

Environ 1% seulement de la haute mer fait l'objet de mesures de conservations, et cet outil emblématique est jugé indispensable pour espérer protéger d'ici 2030 30% des terres et des océans de la planète, comme s'y sont engagés l'ensemble des gouvernements de la planète en décembre. "La vie sur Terre dépend d'un océan en bonne santé. Le nouveau traité sur la haute mer sera crucial pour notre objectif commun de protéger 30% des océans d'ici 2030", a plaidé Monica Medina, responsable océans au département d'Etat américain.

Le traité sur "la conservation et l'utilisation durable de la biodiversité marine des zones ne relevant pas de la juridiction nationale" introduit également l'obligation de réaliser des études d'impact sur l'environnement des activités envisagées en haute mer.

Au total, la ministre panaméenne des Affaires étrangères Janaina Tewaney a annoncé que "341 nouveaux engagements", d'un montant de près de 20 milliards de dollars, dont près de 6 milliards des Etats-Unis, avaient été pris lors de cette conférence pour protéger les mers.

agences/iar/vic

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Des félicitations

Le secrétaire général des Nations unies, Antonio Guterres, a félicité les délégués, saluant une "victoire pour le multilatéralisme et pour les efforts mondiaux visant à contrer les tendances destructrices qui menacent la santé des océans, aujourd'hui et pour les générations à venir".

L'Union européenne s'est également réjouie de cette "étape cruciale pour préserver la vie marine et la biodiversité qui sont essentielles pour nous et les générations à venir", par la voix du commissaire européen à l'Environnement, Virginijus Sinkevicius, qui s'est dit "très fier" de ce résultat.

Tensions Nord-Sud

Le principe du partage des bénéfices des ressources marines génétiques collectées en haute mer a cristallisé les tensions jusqu'à la dernière minute. Les pays en développement qui n'ont pas les moyens de financer de très coûteuses expéditions et recherches se sont battus pour ne pas être exclus de l'accès aux ressources marines génétiques et du partage des bénéfices anticipés de la commercialisation de ces ressources - qui n'appartiennent à personne - dont entreprises pharmaceutiques ou cosmétiques espèrent tirer des molécules miracles.

Comme dans d'autres forums internationaux, notamment les négociations climat, le débat a fini par se résumer à une question d'équité Nord-Sud, ont commenté des observateurs.

Avec une annonce vue comme un geste pour renforcer la confiance Nord-Sud, l'Union européenne a promis 40 millions d'euros pour faciliter la ratification du traité et sa mise en oeuvre initiale. Au-delà, elle s'est engagé à consacrer plus de 800 millions d'euros à la protection des océans en général pour 2023 lors de la conférence "Notre Océan" qui s'est achevée vendredi à Panama.