Daniel Yule: "La FIS prétend être climatiquement positive. Mais j'ai de la peine à le croire"

"Certes, dans le monde du ski, on participe au changement climatique. Mais il est important de faire savoir que le monde du ski ne nie pas le problème", explique Daniel Yule dimanche dans l'émission de la RTS Mise au point.

Le Valaisan, parmi une centaine de skieurs internationaux, a demandé en février à la FIS d'intensifier ses efforts en faveur de l'environnement en toute "transparence" dans une lettre ouverte.

De plus en plus de compétitions sont annulées faute de neige (...) bientôt il ne sera plus possible de produire de la neige artificielle sur plusieurs sites habituels de Coupe du monde vu l'augmentation des températures

"De plus en plus de compétitions sont annulées faute de neige (...) bientôt il ne sera plus possible de produire de la neige artificielle sur plusieurs sites habituels de Coupe du monde vu l'augmentation des températures", préviennent les skieurs.

La lettre demande à la FIS d'aménager son calendrier, afin de raréfier les déplacements intercontinentaux (le circuit alpin fait étape cette saison à deux occasions différentes en Amérique du Nord) et de retarder le début des compétitions. Plusieurs courses prévues fin octobre et en novembre 2022 ont été annulées face au manque de neige.

Demande de transparence

"La FIS pourrait éviter de se mettre des autogoals comme nous envoyer en Californie pour effectuer, comme dans mon cas, une seule course", commente Daniel Yule.

Les sportifs demandent aussi que l'engagement de la FIS pris en 2021 de réduire de moitié son empreinte carbone soit suivi d'un plan concret "rendu public avant le début de la saison prochaine", et réclame de la part de l'instance une "totale transparence".

Nous demandons à la FIS une feuille de route claire

"La FIS prétend être climatiquement positive. Mais j'ai de la peine à le croire. Nous demandons donc une feuille de route claire", ajoute le Valaisan.

La FIS avait annoncé fin 2021 vouloir devenir la première fédération internationale "carbone-positive" grâce à un programme de protection des forêts vierges en Amazonie. Un projet qui devrait idéalement rester annexe selon POW, pour qui la priorité devrait être de "réduire les émissions" actuelles.

Engagement personnel pour le climat

Daniel Yule reconnaît s'être engagé "par hasard" en faveur du climat. En février 2019, il était l'un des premiers à exprimer son désaccord lorsque le président de la FIS, Gian Franco Kasper, avait affirmé publiquement qu'aucune preuve tangible n'attestait la véracité du réchauffement climatique.

"J'avais été très surpris du manque de réactions de la FIS, des médias et des autres athlètes. J'avais donc pris mon téléphone pour en parler aux médias", se souvient-il.

Il y a beau avoir eu un nouveau président, il n'y a pas eu beaucoup de changements au sein de la FIS

La même année, le Valaisan a reversé la moitié de ses gains, soit 7500 francs, à l'association Protect Our Winters Switzerland qui s'engage pour la protection du climat.

Daniel Yule indique que la FIS n'a pas encore répondu à la lettre ouverte. "Il y a beau avoir eu un nouveau président, il n'y a pas eu beaucoup de changements au sein de la FIS", regrette-t-il.

"Pas facile" de s'exprimer sur le sujet

Des associations de protection du climat avaient critiqué Marco Odermatt parce qu'il n'avait pas signé la lettre ouverte. Le skieur nidwaldien avait alors répondu qu'il n'avait pas voulu son nom "en première position" parce qu'il ne pouvait pas "répondre à 100% aux exigences demandées par les auteurs de la lettre."

Daniel Yule observe une "prise de conscience" parmi les athlètes. "Je peux concevoir que ce n'est pas facile de s'exprimer sur le sujet. Mais il est important de rappeler que ce n'est pas parce qu'on fait partie du problème, encore une fois, qu'on ne peut pas faire partie de la solution."

Et d'ajouter: "En tant que sportif, surtout dans un sport d'hiver, il est important de prendre position, et de profiter de la plateforme offerte par notre sport pour essayer de sensibiliser les gens au changement climatique."

>> Voir aussi le reportage de Mise au point sur les stations de ski qui se battent pour leur survie :

Propos recueillis par Nathalie Ducommun/vajo avec ats