Inquiétudes pour les truites du Doubs, menacées par la mauvaise qualité des eaux
Dans le Doubs, l'attente pour pêcher des truites se fait de plus en plus longue. Leur nombre a drastiquement diminué depuis une dizaine d’années, en raison d'une baisse des insectes aquatiques.
"Si vous enlevez la nourriture et que vous mettez des poissons dans un environnement dégradé, automatiquement, vous en aurez beaucoup moins", note Thierry Christen, président de la Fédération neuchâteloise des pêcheurs en rivière (FNPR), jeudi dans le 12h45 de la RTS.
Pour ce pêcheur de longue date, ce manque de nourriture s'explique par la mauvaise santé des eaux de la rivière.
Une pollution des STEP?
La saprolegnia est un champion naturellement présent dans les eaux. Les truites en bonne santé y résistent, mais lorsqu'elles sont affaiblies, les poissons succombent à cette maladie.
Ces derniers mois, quelques cas de saprolégnose ont été recensés, alors que la maladie avait disparu. "Ce qui nous dérange, c'est qu'on nous dit aujourd'hui que la qualité du Doubs est bonne", regrette Thierry Christen.
Un rapport cantonal a en effet qualifié les eaux de la rivière de "bonnes". Pourtant, ce terme utilisé dans la conclusion du document ne recouvre pas le détail des analyses. Un facteur de pollution provient notamment de deux stations d'épuration (STEP) neuchâteloises, au Locle et à La Chaux-de-Fonds.
"Au niveau des paramètres géochimiques, nous avons une qualité des eaux qui est bonne à très bonne. Mais cette analyse n'inclut pas les problèmes dus à ces rejets d'eaux traitées par ces STEP", concède Isabelle Butty, hydrologue cantonale à Neuchâtel.
La question traitée au Conseil fédéral
La STEP de La Chaux-de-Fonds sera rénovée d'ici fin juin, tandis que celle du Locle sera totalement reconstruite d'ici 2026. Quant au champignon incriminé, "aucune étude scientifique n'a démontré à ma connaissance une corrélation entre présence de micropolluants et développement de cette saprolegnia", déclare Isabelle Butty.
La question a été saisie ce jeudi à Berne par la conseillère aux Etats verte neuchâteloise Céline Vara. De son côté, le Conseil fédéral assure qu'il prend la situation au sérieux et envisage de prendre des mesures.
Jeanne Gerbault/iar