Prévue jusqu'à vendredi, cette session du Groupe intergouvernemental d'experts sur l'évolution du climat (GIEC) doit se conclure le 20 mars par la publication très attendue de cette synthèse. Elle représentera le dernier consensus scientifique sur le climat.
Tout l'enjeu est de parvenir, sous une forme intelligible par toutes et tous, à un "résumé pour les décideurs" de la somme des travaux réalisés par le GIEC lors de son 6e cycle d'évaluation, entamé en 2015.
Le GIEC, créé en 1988, ne réalise pas d'études, mais des centaines de spécialistes et chercheuses synthétisent la littérature scientifique existante, afin d'exposer les options possibles aux décideurs politiques.
Un document d'appui
Ces textes seront un point d'appui majeur pour la société civile, qui a en ligne de mire le rendez-vous de la COP28, en décembre à Dubaï, où un premier bilan mondial des engagements des pays pour tenir les objectifs de Paris est attendu.
"Il n'y a rien de nouveau en termes de connaissances par rapport à ce qui a pu être établi au travers des rapports précédents. Il s'agit plutôt de rendre ces conclusions plus digestes et concises, en premier lieu pour les décideurs, mais également pour les journalistes et la population", a résumé Sophie Szopa, chimiste de l'atmosphère à l'Université Paris Saclay et autrice d'un chapitre du rapport, lundi dans La Matinale.
"Les faits montrent que nous n'en faisons pas encore assez pour répondre à cette crise, les émissions actuelles étant toujours au plus haut niveau de l'histoire de l'humanité", a commenté Stephanie Roe, une responsable scientifique du WWF, elle-même autrice dans un des rapports.
"Nous sommes loin du compte et la fenêtre permettant de limiter le réchauffement à +1,5 degré se referme rapidement". Mais "la science montre aussi clairement que les solutions sont à notre portée", a-t-elle ajouté.
L'accord de Paris en danger
"Ce doit être le dernier rapport à susciter la consternation au lieu d'inciter à agir contre les énergies fossiles", a déclaré Shaye Wolf, de l'ONG américaine Center for Biological Diversity. La synthèse finale de ce 6e rapport sera composée de deux textes.
Le premier sera un condensé, en une cinquantaine de pages, des trois volets principaux publiés en 2021 et 2022 - sur les preuves physiques du réchauffement, sur ses impacts et enfin sur les mesures d'atténuation - et de trois rapports spéciaux (sur les conséquences d'un réchauffement de +1,5 degré, sur les océans et la cryosphère, et sur les terres émergées).
Le second, d'une dizaine de pages, sera le "résumé pour les décideurs", un texte hautement politique qui doit être approuvé ligne par ligne par les délégués des 195 pays membres. Ces textes constitueront la base scientifique des efforts de l'humanité et de ses responsables politiques pour tenir les objectifs de l'accord de Paris: contenir le réchauffement bien en dessous de 2 degrés et, si possible, à 1,5 degré par rapport à l'ère préindustrielle.
Cette limite semble difficile à atteindre, les trajectoires actuelles tendant vers un réchauffement bien plus prononcé. Le monde en est aujourd'hui à près de 1,2 degré.
ats/iar