Une délégation du Groenland s'inspire de la gestion suisse des risques climatiques
Au-dessus de Kandersteg s'élance le Spitze Stein, un éperon rocheux qui bouge de huit mètres par an. Bien que l’événement soit très improbable, ce sont jusqu’à 20 millions de mètres cubes qui pourraient s’effondrer dans la vallée. De quoi générer des laves torrentielles jusqu’au village.
Le réchauffement climatique est en cause, car il fait fondre les sols gelés et les déstabilise toujours plus haut dans la montagne. La délégation groenlandaise, emmenée par Aqqaluaq Egede, le ministre des Ressources minérales, est venue observer cette situation cette semaine.
"Notre gouvernement se penche de près sur ce genre de problématique. C’est pour cette raison que nous sommes ici, en Suisse, pour échanger sur l’étude des glissements de terrain et sur les possibles mesures à prendre", confie le ministre jeudi dans le 19h30.
Des catastrophes naturelles au Groenland
En effet, au Groenland, comme dans les Alpes, la hausse de températures est deux fois plus marquée qu’ailleurs sur la planète. Ce qui provoque déjà des catastrophes.
Sur l'île, tout un pan de montagne s’est effondré dans un fjord en 2017, créant un tsunami qui a ravagé les villages côtiers. Pour Palle Jeremiassen, le maire de la région de Avannaata, l’événement est encore très présent dans les esprits: "Lors des réunions, lorsqu’on parle de rouvrir un des villages, les gens se mettent à pleurer. Ils se sentent encore en insécurité", raconte-t-il.
Un système de surveillance
A Kandersteg, on se prépare depuis des années à une catastrophe naturelle liée au réchauffement, avec notamment des filets et des digues. Mais aux yeux de la délégation groenlandaise, le plus intéressant était le système d’alerte précoce en cas de danger imminent.
"On a différentes techniques de mesures en place: en été, un radar permanent pour la surveillance du Spitze Stein, un système de tachymétrie (qui mesure la vitesse de déplacement, ndlr), de points de réflexion sur la masse glissante et des GPS, qui mesurent en permanence", détaille Cornelia Brönnimann, géologue du canton de Berne. De quoi alerter la population jusqu’à 24 heures à l’avance.
>> Lire aussi : Un éboulement de pierres se produit près de Kandersteg, sans faire de blessé
Transfert de technologie
"Je vois de grandes possibilités d’utiliser ces technologies pour surveiller les mouvements de terrain au Groenland. Et j’espère que nous les acquerrons en Suisse", note Aqqaluaq Egede.
Pourtant, ce transfert de savoirs n’est pas simple. Au Groenland, les distances sont plus grandes, les conditions plus dures et l’infrastructure de télécommunication absente.
Mais pour l’organisateur de ce projet de l’Institut polaire suisse, l’intérêt est aussi politique et académique. "Une visite comme celle qu’on a actuellement du Groenland permet aussi aux chercheurs suisses d’accéder plus facilement à des terrains de recherche dans ce pays et de monter des collaborations avec les gens sur place", souligne Markus Stoffel, professeur assistant en sciences de la Terre à l'Université de Genève. Un rendez-vous est d'ailleurs pris l’an prochain.
Sujet TV: Olivier Dessibourg
Adaptation web: ami