Grand ménage sur les étiquettes des produits labellisés "climatiquement neutres"
Les labels climatiques constituent aujourd'hui un marché auto-régulé en plein boom. Pour une meilleure protection du consommateur, la Commission européenne souhaiterait donc le règlementer.
"T-shirt à base de plastique recyclé", "livraison neutre en CO2", "crème solaire respectueuse de l'océan"... la proposition législative, qui sera négociée par les Etats membres et les eurodéputés, vise notamment à contrôler ces formules destinées à happer le consommateur soucieux de l'environnement.
En Suisse aussi
En Suisse, le phénomène est également connu, suscitant régulièrement les critiques des organisations de défense de l'environnement. Café, shampoing ou chocolat, il n'est pas rare de trouver sur les rayons des supermarchés des produits affichant le label "climatiquement neutre". A l'image par exemple du Tilsiter, premier fromage suisse ayant reçu ce label.
Face aux critiques, les principaux fournisseurs de labels ont réagi. Certains, comme la Fondation Myclimate, leader suisse de la labellisation basé à Zurich, ont décidé de modifier leur terminologie.
Concrètement, l'ancien label "climatiquement neutre" a été remplacé par "Notre impact. Durable". Autrement dit, dans leur langage marketing, les entreprises labellisées ne pourront plus parler de café ou fromage "climatiquement neutre", mais de "plus durable" par exemple. En clair de produits contribuant à financer des projets climatiques à travers le monde.
Changement "bien accueilli par les fabricants"
Pour Stephen Neef, directeur général de Myclimate, ce changement de termes serait bien accueilli par les fabricants. "Dans le fond, les entreprises veulent faire quelque chose pour le climat. Alors peu importe qu’elles affichent le terme "neutralité carbone" ou leur "contribution" pour le climat. Elles sont aussi très soucieuses de la solidité de leur démarche, face aux médias critiques et vis-à-vis du consommateur."
Parmi les entreprises concernées par ce changement de labellisation, il y a la compagnie aérienne Swiss. Ses vols "climatiquement neutres" n'existeront bientôt plus, comme elle l'a expliqué par écrit: "Swiss a adapté sa terminologie ou est en train de le faire. Le terme 'neutre en CO2' sera également remplacé."
Autre entreprise concernée, Migros. Contactée par la RTS, la coopérative dit "saluer le changement opéré par Myclimate dans la communication, à savoir l'abandon du terme 'climatiquement neutre'. Nous considérons aussi que la nouvelle communication sera plus crédible". Ainsi, dans les mois à venir, Migros cessera de communiquer sur le thème de la neutralité climatique et de la compensation. L’entreprise dit qu'elle consacrera alors tous ses efforts à des projets de réduction effective du CO2.
Un premier pas
Pour l’organisation environnementale Greenpeace, ce changement de labellisation est un premier pas. Mais ça reste du "greenwashing", comme l'explique Georg Klingler, spécialiste climat chez Greenpeace Suisse.
"Parce que l'on continuera à proposer des produits labellisés qui donnent l'impression au consommateur qu’il fait un geste pour le climat, qu’il peut compenser ses émissions C02. Mais pour nous, il n'y a pas d'autres solutions que de réduire efficacement les émissions."
Julien Guillaume/fgn