L'Espagne déjà contrainte en avril de réagir face à la sécheresse et la canicule
Six millions de personnes sont touchées notamment à Barcelone et sur la Costa Brava, là où le nombre d’habitants sera multiplié par quatre cet été. La saison touristique s’annonce donc complexe. Officiellement, les autorités ne veulent pas céder à la panique et assurent que l’eau sera disponible pour la saison touristique.
Aucune économie n’est de trop: plusieurs stations balnéaires ont déjà supprimé l’eau des douches des plages. Mais l’interdiction de remplir les piscines ne concerne pas tout le monde. La région est revenue en arrière: les hôtels en seront exemptés. Pour certains, le lobby touristique a fait pression.
"Obliger à une bonne gestion de l'eau"
Dante Maschio, porte-parole de la plateforme de la société civile Aigua és Vida, "l’Eau c’est la vie", apporte quelques précisions lundi dans La Matinale de la RTS: "Ce qui est clair, c’est que nous ne pouvons pas avoir plus d'hôtels et de piscines. Qu'est-ce qu’on fait alors avec ceux qui existent déjà? Le gouvernement doit les obliger à une bonne gestion de l'eau. Les hôtels génèrent beaucoup d'eau grise (eaux usées domestiques) par exemple et on doit les obliger à la recycler."
Pour Celso Garcia, professeur de géographie physique à l'Université des Baléares, qui a étudié l'impact du tourisme sur la consommation d'eau sur les îles Baléares, il reste compliqué de mettre le sujet sur la table. "On a peur de parler de ce sujet pour une simple raison: le poids du tourisme en Espagne. C'est un secteur qui donne du travail à beaucoup de personnes et qui pèse dans le PIB", explique-t-il.
"Depuis de nombreuses années, nous disons aux gérants d’hôtels qu'ils apportent des données sur leur consommation d’eau, car sinon les gens pensent qu'ils consomment en fait plus. Pour qu'un débat social existe, il faut montrer les chiffres. La comptabilité de l’eau est fondamentale et dans ce pays, cette comptabilité manque beaucoup", regrette-t-il.
A presque un mois des élections municipales et régionales, la classe politique préfère éviter le débat sensible sur la sécheresse et le tourisme.
Sujet radio: Valérie Demon
Adaptation web: Julien Furrer
Le sud de la France aussi touché
Selon le docteur français en agrométéorologie Serge Zaka, la situation est aussi critique sur tout le pourtour méditerranéen français, qui subit de plein fouet les conséquences du réchauffement climatique, comme l'avance d'ailleurs le GIEC dans ses scénarios prospectifs..
Ecouter aussi l'avis du météorologue Lionel Fontannaz dans le 19h30: