Des tourbillons de nuages, des sommets alpins enneigés et des sédiments dans la mer au large des côtes italiennes – la première image du nouveau satellite météorologique européen laisse espérer de meilleures alertes météorologiques en raison de la finesse de ses détails.
En effet, sur le modèle précédent de la sonde, de nombreux détails étaient "moins visibles, voire invisibles", ont fait savoir l'Agence spatiale européenne (ESA), dont le siège est à Paris, et l'opérateur européen de satellites météorologiques Eumetsat.
Le satellite MTG-I1 – aussi nommé Meteosat-12 – a pris sa première image le 18 mars. Il devrait fournir des données aux services météorologiques d'ici la fin de l'année, car pour l'heure, il est encore en phase de tests.
Le Meteosat Third Generation Imager-1 a été envoyé dans l'espace à la mi-décembre sur une orbite géostationnaire; pour mémoire, le tout premier satellite météo européen avait été lancé en 1977. Onze engins du même type ont ensuite suivi, observant la Terre en permanence, à 36'000 kilomètres au-dessus de l'équateur, durant quatre décennies.
Protection contre les catastrophes
Ce tout nouvel imageur offre une meilleure résolution et actualise ses images plus fréquemment que ses prédécesseurs. Les services météorologiques nationaux devraient ainsi disposer de meilleures données pour les prévisions – notamment pour les situations météorologiques qui se préparent et évoluent rapidement.
Le service météorologique allemand s'attend à une contribution importante pour la protection contre les catastrophes. Les événements météorologiques extrêmes affectent en effet toutes les activités humaines: au cours des quarantes dernières années, ils ont été la cause de "145'000 morts en Europe et de pertes économiques à hauteur de presque 500 millions de francs", rappelle l'ESA dans une vidéo.
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Des bulletins météo plus précis
Les données satellites devraient permettre d'identifier plus clairement les nuages d'orage et de mieux estimer leur durée de vie. En outre, les prévisions devraient pouvoir être limitées à un espace plus restreint. Il sera possible de faire ce que les météorologues appellent la "prévision immédiate", c'est-à-dire la capacité d'affirmer avec plus de certitude que des vents violents, des éclairs, de la grêle ou des pluies diluviennes sont sur le point de frapper une zone donnée.
Pour la première fois, le satellite MTG-I1 permettra de détecter la foudre en Europe. Selon les indications, les données permettent également de détecter automatiquement le brouillard et les incendies de forêt.
Il fournira une image complète des systèmes météorologiques qui traversent la surface de la Terre au rythme d'un toutes les dix minutes, soit cinq minutes plus rapidement que jusqu'à présent.
La sonde visualise également la planète dans un plus grand nombre de longueurs d'onde de la lumière: seize au lieu des douze disponibles jusqu'à présent. Une amélioration permettant d'obtenir des images en vraies couleurs, beaucoup plus proches de ce que l'œil humain peut percevoir. Ainsi, le satellite pourra aussi mieux distinguer la poussière, la brume, la fumée ou une couche nuageuse.
Un deuxième imageur sera lancé en 2026 pour prendre des photos de l'Europe toutes les 2,5 minutes. Avant cela, en 2024, un vaisseau spatial "sondeur" sera lancé pour prélever des échantillons de température et d'humidité dans l'atmosphère.
Stéphanie Jaquet et l'ats
Des données jusque dans les années 2040
Les satellites sont exploités par les trente pays membres d'Eumetsat; la Suisse en fait également partie.
L'ensemble du programme MTG devrait être lancé d'ici 2035 et fournir des données jusque dans les années 2040. Il coûtera au total plus de trois milliards d'euros. La Suisse y contribue à hauteur de 3,5%.