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Le dérèglement climatique favorise la reproduction des insectes ravageurs

La pyrale du buis se nourrit, comme son nom l'indique, de buis dans sa phase larvaire. [Wikimedia - Didier Descouens]
Le réchauffement climatique favorise les insectes ravageurs de cultures agricoles / Le 12h30 / 2 min. / le 15 mai 2023
Mauvaise nouvelle pour l'agriculture suisse: plusieurs espèces d'insectes ravageurs se reproduisent plus facilement avec le changement des températures, selon une étude menée par l'Université de Neuchâtel et l'Institut fédéral de recherches sur la forêt, la neige et le paysage.

D'ici la fin du XXIe siècle, les futures conditions de température favoriseront certains ravageurs des cultures, en leur permettant d'hiverner plus facilement sur le Plateau suisse, ainsi que certains ravageurs des forêts, qui atteindront probablement des altitudes plus élevées, selon une étude menée par l'Université de Neuchâtel publiée lundi.

La reproduction de la pyrale du buis, de l'eudémis viticole ou encore de la carpocapse du pommier est favorisée par des hivers globalement plus doux et par des saisons de développement plus longues et plus chaudes. Ces espèces sont une menace pour l'agriculture et la viticulture, car elles peuvent occasionner des pertes importantes sur les récoltes. Elles sont également très adaptables, capables de se propager sur tous les continents.

D'autres espèces de ravageurs pourraient également passer l'hiver plus facilement. C'est le cas de la chenille processionnaire du pin (Thaumetopoea pityocampa) et du puceron vert de l'épicéa (Elatobium abietinum), ainsi que de certains ravageurs des cultures, comme la punaise verte du soja (Nezara viridula).

Une étude exclusive en Suisse

C'est la première fois qu'une étude part de données climatiques, essentiellement des relevés de températures, pour les mettre en relation avec la reproduction des insectes ravageurs en Suisse. La recherche a pris en considération la température journalière moyenne de la saison de développement de ces insectes, soit d'avril à septembre.

"Nous avons rassemblé des données de température moyenne journalière sur les quarante dernières années (de 1980 à 2021) et provenant de 67 stations de mesure de MétéoSuisse situées entre 200 et 2300 mètres d'altitude. Nous avons ensuite utilisé deux scénarios climatiques, prévoyant des augmentations différentes de gaz à effet de serre dans l'atmosphère ces prochaines années, pour en déduire la température moyenne journalière de 2022 à 2099", détaille Léonard Schneider, doctorant en climatologie appliquée à l'Institut de géographie de l'Université de Neuchâtel.

Les deux scénarios entraînent l'apparition d'une ou plusieurs générations supplémentaires par an de ces insectes, mais les conséquences seront nettement moins graves avec des émissions plus faibles de CO2.

>> Plus d'informations sur les organismes nuisibles sur la page du Centre national pour les services climatologiques de la Confédération

Texte: Léa Bucher

Sujet radio: Deborah Sohlbank

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