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A la frontière entre les deux Corées, un paradis pour la biodiversité

Deux soldats nord-coréens se baladent près du village de Panmunjeom dans la zone coréenne démilitarisée. [Keystone/AP Photo - David Guttenfelder]
En direct de la zone coréenne démilitarisée - L’incroyable biodiversité naturelle de la DMZ / En direct de... / 2 min. / le 15 mai 2023
Préservée de la présence humaine depuis 70 ans, la zone démilitarisée entre les deux Corées est devenue un véritable refuge pour les plantes et les animaux en voie de disparition.

À 7 kilomètres à peine de la Corée du Nord, cet espace constitue depuis 1953 un havre de paix pour la biodiversité. Sous l'acronyme anglais "DMZ", pour demilitarized zone, il comprend des écosystèmes forestiers et marins, des rivières, des zones humides et des vallées.

Étendu sur plus de 200 kilomètres de long, la DMZ abrite plus de 6168 espèces sauvages de mammifères, d'oiseaux, d'amphibiens, de reptiles, de poissons, d'insectes, d'araignées et de plantes. La zone constitue moins de 2% du territoire de la Corée du Sud, mais elle constitue un habitat pour près de la moitié des espèces de la péninsule. Un paradis vert qui peut se visiter virtuellement sur Google.

La zone démilitarisée doit sa biodiversité variée à sa géographie, qui traverse des montagnes, des prairies, des marais, des lacs et des marécages. [Flickr - Republic of Korea]
La zone démilitarisée doit sa biodiversité variée à sa géographie, qui traverse des montagnes, des prairies, des marais, des lacs et des marécages. [Flickr - Republic of Korea]

Un refuge pour un tiers des espèces menacées

L'ourson noir d'Asie est classé comme vulnérable dans la liste rouge de l'Union Internationale pour la conservation de la nature. [Flickr - Smithsonian's National Zoo]
L'ourson noir d'Asie est classé comme vulnérable dans la liste rouge de l'Union Internationale pour la conservation de la nature. [Flickr - Smithsonian's National Zoo]

Après 70 ans sans présence humaine, la nature a repris ses droits, dans cette zone grande de plus de 900 kilomètres carrés, soit une fois et demie la taille de Séoul, la capitale de la Corée du Sud. Plus de 100 des 267 espèces menacées de Corée, soit 38% d'entre elles, y ont trouvé refuge, selon l'Institut national d'écologie. Parmi elles, l'ourson noir d'Asie, aperçu pour la première fois depuis 20 ans en 2019. De quoi faire naître l'espoir d'un rétablissement progressif de cet animal menacé par le braconnage et la perte de son habitat.

À l'aide de pièges photo, l'Institut a pu repérer des animaux connus pour leur discrétion, comme le goral à longue queue, le cerf musqué de Sibérie, la maltre à gorge jaune, l'aigle royal ou encore le chat-léopard de l'Amour.

Plusieurs centaines d'espèces végétales rares et endémiques de la péninsule peuvent également être observées dans cette zone, comme la Scopolia parviflora Nakai, une herbe réputée pour ses vertus médicinales comme vénéneuses.

Un héritage de la guerre

Cet écrin de verdure se situe autour du 38e parallèle, où l'armistice entre la Corée du Nord et la Corée du Sud a été négocié en 1953, première année de protection de cette zone. La guerre de Corée a fait plus de 3,5 millions de victimes, entre juin 1950 et juillet 1953, à la suite de la Seconde Guerre mondiale. C'est l'un des premiers conflits de la Guerre froide.

Démilitarisée depuis 70 ans, elle reste la frontière la plus chargée en armes au monde. Une opération de déminage, conjointement menée par les deux pays, a eu lieu en 2018, dans le but de protéger la biodiversité et les animaux. Les espèces qui meurent en sautant sur des mines peuvent, en effet, engendrer des éboulements, des glissements de terrain ou encore des incendies, autant d'incidents dangereux pour la faune et la flore.

Une paix fragile entre les deux Corées

Certains villages situés aux abords de cette réserve naturelle bénéficient de régimes spéciaux, comme celui de Daeseong-dong au Sud. Les villageois sont considérés comme des citoyens de la République de Corée, mais sont exemptés du paiement des impôts et d'autres obligations civiques telles que le service militaire.

Au nord, Kijŏng-dong compte un certain nombre d'immeubles aux couleurs vives et dotés d'un éclairage électrique. La ville a été orientée de manière à ce que les toits bleu vif et les façades blanches des bâtiments soient les éléments les plus distinctifs lorsqu'on les observe depuis la frontière. Ces caractéristiques représentaient un niveau de luxe inouï pour les Coréens ruraux, du Nord ou du Sud, dans les années 1950. Mais il semblerait que ces immeubles soient en réalité inhabités.

Toutefois, la réserve a fait l'objet d'un litige entre les deux pays entre 2011 et 2012. La Corée du Sud souhaitait l'inscrire au Programme sur l'homme et la biosphère (MAB) de l'UNESCO, mais la Corée du Nord s'y est opposée. Pyongyang a exprimé son opposition en envoyant des lettres à 32 pays membres du conseil, à l'exception de la Corée du Sud, et au siège de l'UNESCO un mois avant le vote, en juillet 2012 à Paris.

>> Ecouter aussi le reportage de Tout un monde :

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Plantes et animaux prolifèrent entre les soldats des deux Corées / Tout un monde / 5 min. / le 26 mai 2023

Léa Bucher

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