Pour Edmond Bekele, chaque printemps rime avec désagréments. Poly-allergique au pollen, cet adolescent lausannois énumère ses symptômes dans le 19h30, entre deux inspirations de spray antihistaminique. "En ce moment, ça me gratte vraiment les yeux, j’ai de la peine à respirer et des boutons qui poussent un peu sur le nez."
Ana Salazar a longtemps vécu le même calvaire. Allergique aux graminées, elle a entamé une désensibilisation au CHUV il y a deux ans. "C’était invivable! Les démangeaisons, les irritations et les crises d’asthme, ça m’a plus fait peur que mal. Je n’arrivais plus à respirer, c’était très angoissant".
Des graminées dans les champs…
La saison du rhume des foins bat actuellement son plein, en particulier celle des graminées. Un type de plantes que Claude Jaquier connaît par cœur. Depuis plus de vingt ans, cet agriculteur du Gros-de-Vaud en cultive plusieurs variétés sur une dizaine d’hectares à Goumoens-la-Ville.
Une culture de niche qui a le vent en poupe. "C’est important de recréer toute cette biodiversité qu’on avait dans nos anciennes prairies naturelles, il y a plus de cent ans". Les graines de brome dressé, d’amourette ou encore de fromental produites par Claude Jaquier s'avèrent en effet indispensables aux paysans suisses, tenus de laisser en friche 7% de leur surface agricole pour favoriser la biodiversité.
...et dans les les villes
Cette végétalisation s’observe également au bord de nos routes, avec un mot d’ordre: ne pas faucher, pour laisser polliniser.
Le temps où les bords de routes étaient rasés de près sont aujourd’hui révolus, au grand dam des personnes allergiques. "En favorisant la biodiversité, on favorise effectivement aussi l’éclosion de plus de graminées, dans nos villes et autour de nos jardins, donc ça pourrait contribuer à l’exacerbation de certains symptômes ", confirme Yannick Muller, responsable du service d’immunologie et allergie au CHUV.
En Suisse, 20% de la population environ est allergique au pollen, dont la majorité aux graminées.
Yoan Rithner