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Le lac glaciaire du Rhône exploré pour la première fois par des scientifiques

Pour la première fois, le lac du glacier du Rhône est visité par des plongeurs
Pour la première fois, le lac du glacier du Rhône est visité par des plongeurs / 19h30 / 2 min. / le 3 juin 2023
C'est l'un des rares lieux où personne n'avait encore jamais mis les pieds en Suisse: le lac glaciaire du Rhône a été exploré pour la première fois par une équipe de scientifiques bénévoles, venus faire des prélèvements d'eau, de glace et de sédiments. L'objectif est de mieux comprendre la composition de l'eau du Rhône à sa source.

Mais les prélèvements sont compliqués à réaliser à environ 2400 mètres d'altitude, à l'extrémité nord-est du Valais, dans une zone actuellement inaccessible au public.

Après avoir envisagé de forer la couche de glace du lac du glacier du Rhône, encore entièrement gelé il y a quelques jours, les scientifiques de l'association lyonnaise Odysseus 3.1 ont finalement fait face les 1er et 2 juin à une surface craquelée. Une évolution qui rendait le lac impraticable pour la marche, mais offrait des espaces pour plonger. Un exercice périlleux, car ces accès s'ouvrent et se referment.

Dans ces eaux, les scientifiques de cette organisation environnementale s'attendent à retrouver des traces de microplastiques, venues des bâches posées sur le glacier du Rhône qui permettent de retarder la fonte des glaces, mais aussi d'autres types de résidus.

Des bâches sur certaines portions du glacier du Rhône. [Keystone - Urs Flueeler]
Des bâches sur certaines portions du glacier du Rhône. [Keystone - Urs Flueeler]

"On a trois contenants différents qui viennent du même prélèvement. (...) On y cherche respectivement du mercure, du plomb et des résidus médicamenteux", explique l'une des scientifiques dans le 19h30 de la RTS. Les échantillons seront analysés par l'Université de Genève et l'Institut national français de recherche pour l’agriculture, l’alimentation et l’environnement (INRAE).

"On espère que cette eau est la plus pure possible, parce que le Rhône traverse deux pays et se jette en Méditerranée. Donc c'est quand même très important qu'à la source, le lac glaciaire soit assez propre".

Le glacier du Rhône, le plus vieux glacier des Alpes, et son lac, en juin 2018. [Keystone - Urs Flueeler]
Le glacier du Rhône, le plus vieux glacier des Alpes, et son lac, en juin 2018. [Keystone - Urs Flueeler]

"Visibilité quasi nulle"

Outre sa composition, les scientifiques ne savaient jusqu'ici pas grand-chose de ce lac, à part qu'il s'est formé récemment, il y a environ 30 ans. Grâce à un instrument, une profondeur maximale de 24 mètres a été découverte.

Et surtout, c'est l'aspect laiteux de l'eau qui a surpris les plongeurs. "On a un lac proglaciaire, très sédimenteux, très crayeux, avec une visibilité quasi nulle", raconte un des chercheurs.

Sur cette image de septembre 2018, l'eau du lac glaciaire, en l'occurrence non gelée, apparaît aussi très laiteuse. [Keystone - Urs Flueeler]
Sur cette image de septembre 2018, l'eau du lac glaciaire, en l'occurrence non gelée, apparaît aussi très laiteuse. [Keystone - Urs Flueeler]

Les Alpes sont considérées comme le château d'eau de l'Europe, mais la fonte des glaciers pourrait changer la donne.

Selon une étude publiée dans la revue Science en début d'année, avec une hausse de 3 degrés à l'horizon 2100, les glaciers d'Europe centrale disparaîtront complètement. Avec une hausse de 1,5 degré, la fonte des glaciers sous nos latitudes serait de l'ordre de 60%. Or, avec les objectifs climatiques actuels retenus à l'international, la hausse devrait atteindre 2,7 degrés.

>> Lire aussi : Une étude prévoit la fin des glaciers sous nos latitudes d'ici la fin du siècle

Sujet TV: Yvan Illi et Ainhoa Ibarrola

Adaptation web: Julien Furrer

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