Recouvrant un tiers de la surface terrestre, les forêts n'ont jamais été autant malmenées, victimes de l'activité humaine et d'incendies destructeurs. Ces étendues d'arbres sont également affaiblies par les conséquences du changement climatique, au point d'en perdre leur capacité d'absorption de CO2.
En Suisse, le dernier rapport forestier de l'Office fédéral de l'environnement (OFEV) et L'Institut fédéral de recherches sur la forêt, la neige et le paysage (WSL), datant de 2015, fait état d'un bon état général de santé de forêts qui gagnent du terrain et se diversifient.
Mais depuis, les phénomènes météorologiques extrêmes provoqués par le changement climatique se sont multipliés et risquent de compromettre le rôle des forêts suisses, principaux puits nationaux de carbone.
Un renouvellement d'arbres difficile
Des phénomènes tels que la sécheresse, couplée au stress hydrique, ralentissent la croissance des jeunes arbres, qui stockent ainsi moins de carbone. En France, par exemple, plusieurs massifs forestiers, notamment dans les régions du Grand Est et au nord de la Corse, n'absorbent quasi plus de carbone et sont même déjà émetteurs de CO2.
Les attaques d'insectes et de champignons, favorisés pour certains par le réchauffement climatique, font également augmenter la mortalité des arbres, à l'instar des châtaigniers sur le versant sud des Alpes ou des épicéas sur le plateau et dans les Préalpes.
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En Suisse, les spécialistes s'inquiètent principalement du manque de renouvellement de certaines espèces. "Les forêts deviennent de plus en plus vieilles et ont donc beaucoup plus de biomasse et de CO2 temporairement fixé", explique Marco Conedera, chercheur à l'institut WSL, vendredi dans La Matinale de la RTS.
Cela concerne notamment les jeunes pousses de sapin blanc, menacées par le gibier en surnombre. "On n'arrive plus à les faire croître dans certains endroits, même avec des protections. Cela devient très coûteux et difficile d'avoir une nouvelle génération d'arbres qui peut prendre la relève", ajoute le spécialiste.
Des incendies aggravés par la biomasse
L'état de santé des forêts suisses pourrait devenir à l'avenir encore plus préoccupant si les incendies venaient à augmenter en raison de la sécheresse et du manque d'entretien.
Le danger d'incendie dans le pays varie en fonction des saisons. "La saison d'hiver est plus risquée car le soleil peut chauffer la litière et l'inflammabilité du combustible devient ainsi plus vite dangereuse. En été, il faut une sécheresse beaucoup plus prolongée pour avoir le même effet", relate Marco Conedera. Or, ces dernières années, la situation observée en temps normal en hiver a aussi été constatée en été.
"Nous assistons également en Suisse à une augmentation de la biomasse dans les forêts, qui ne sont plus gérées de manière très intensive et nous avons tendance à voir plus de litière. Si ce combustible devient sec, les flammes qui se développent sont plus fortes et donc l'incendie plus difficile à maîtriser", explique encore le chercheur.
Foued Boukari/iar