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En Suisse, 60% des décès liés à la chaleur sont dus au changement climatique

En été 2022, le réchauffement climatique a été en cause dans près de 60% des plus de 600 décès attribuables à la chaleur en Suisse (image d'illustration). [keystone - Jean-Christophe Bott]
Le réchauffement climatique cause aussi des morts en Suisse / Le Journal horaire / 39 sec. / le 4 juillet 2023
En été 2022, le réchauffement climatique a été en cause dans près de 60% des plus de 600 décès attribuables à la chaleur en Suisse. C’est ce qu'indique une étude de l’Université de Berne publiée dans la revue Environmental Research Letters.

L’été 2022 a été le plus caniculaire depuis 2003. Entre juin et août, 623 personnes ont trouvé la mort en raison de la chaleur, soit 3,5% du nombre total de décès au cours de cette période, a indiqué mardi l'alma mater bernoise dans un communiqué. On a recensé en été 2022 trois fois plus de décès liés à la chaleur que la moyenne des années 2009 à 2017.

L'équipe de l'épidémiologiste Ana Vicedo-Cabrera a voulu quantifier la part du réchauffement climatique dans ces décès dus à la chaleur. Elle s'est appuyée sur des études dites d'attribution pour effectuer ses calculs. Celles-ci utilisent des méthodes statistiques et des simulations climatiques.

Résultat: la part du réchauffement est estimée à 60%. "Autrement dit, sans le dérèglement climatique d’origine humaine, plus de 370 personnes en Suisse ne seraient pas décédées en raison de la chaleur en été 2022", note la chercheuse, citée dans le communiqué.

Les cantons urbains très touchés

Selon les régions, l’étude a permis d’établir les résultats suivants: les cantons urbains de Genève, Vaud, Bâle-Ville et Zurich ont été particulièrement touchés. Tous ne sont pas équipés de la même manière pour faire face à la canicule. À Bâle et à Zurich par exemple, aucune stratégie globale et systématique n’a été mise en place par les services de santé publique.

En Suisse romande et au Tessin, des plans d’action ont d’ores et déjà été élaborés suite à l’été caniculaire de 2003. Ceux-ci comprennent des campagnes de sensibilisation et des recommandations sur les gestes à adopter, entre autres.

"L’été dernier, ces plans d’action ont permis d’empêcher une aggravation du nombre de décès dus à la chaleur, par exemple, dans les cantons de Genève ou de Vaud où les températures ont été très élevées", explique Ana Vicedo-Cabrera.

"Compte tenu des actuels taux de réchauffement, un été très chaud comme celui de 2022 sera un été moyen dans les décennies qui viennent", avertit la scientifique.

Les personnes âgées vulnérables

L’étude montre aussi que dans près de 90% des cas, les personnes décédées en raison de la chaleur étaient âgées de plus de 65 ans. Le nombre de décès était généralement plus élevé chez les femmes que chez les hommes. Parmi tous les sous-groupes, le taux de mortalité le plus important était celui des femmes d’un âge avancé.

Des scientifiques de l’École polytechnique fédérale de Zurich, de l’Institut tropical et de santé publique suisse à Bâle (Swiss TPH) et de l’Université de Bâle ont également participé à cette étude, une des premières au monde à quantifier la part du réchauffement climatique dans les décès dus à la chaleur.

En 2021, une recherche coordonnée par l'Université de Berne et la London School of Hygiene & Tropical Medicine avait montré pour la première fois la contribution réelle du changement climatique aux décès liés à la chaleur entre 1991 et 2018 dans 732 villes de 43 pays du monde.

ats/ther

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