L'EFSA "n'a pas identifié de domaine de préoccupation critique" du glyphosate chez les humains, les animaux et l'environnement, explique-t-elle dans un communiqué. Dans la méthodologie scientifique de l'agence, une préoccupation est définie comme "critique" lorsqu'elle affecte tous les usages proposés de la substance active évaluée, empêchant donc son autorisation.
Elle a néanmoins relevé "un risque élevé à long terme chez les mammifères" pour la moitié des usages proposés du glyphosate, et reconnu que le manque de données empêchait toute analyse définitive. De même, aucun avis finalisé n'est livré sur les risques liés à la consommation alimentaire, "en raison de données incomplètes sur la quantité de résidus de glyphosate dans les cultures en rotation telles que les carottes, la laitue et le blé".
Cette étude, remise jeudi aux instances européennes, servira de base à l'Union européenne pour décider du renouvellement ou non de l'autorisation de l'herbicide pour cinq ans. L'autorisation actuelle court jusqu'au 15 décembre. Au total, le rapport, qui sera rendu public courant juillet, repose sur 2400 études, 180'000 pages, et a fait appel à 90 experts des Etats membres.
"Cancérogène probable"
Le glyphosate très largement utilisé dans le monde, avait été classé en 2015 comme "un "cancérogène probable" pour les humains par le Centre international de recherche sur le cancer (CIRC) de l'Organisation mondiale de la santé.
De son côté, un groupe d'experts de l'Institut français de santé et de la recherche médicale a conclu en 2021 à "l'existence d'un risque accru de lymphomes non hodgkiniens avec une présomption moyenne de lien" avec le glyphosate, la substance active du célèbre Roundup commercialisé par Monsanto, racheté par l'allemand Bayer en 2018.
A l'inverse, l'Agence européenne des produits chimiques a jugé en juin l'an dernier que les preuves scientifiques disponibles ne permettaient pas de classer le glyphosate comme cancérogène.
Interdiction demandée par des ONG environnementales
En réaction, une trentaine d'ONG environnementales, dont Agir pour l'environnement ou Réseau Action Climat, ont interpellé le gouvernement français jeudi.
"Les organisations exigent aujourd'hui que la France défende l'interdiction du glyphosate en Europe en 2023", écrivent-elles dans un communiqué commun. "Compte tenu des risques largement documentés pour l'environnement et la santé humaine, il est plus qu'urgent d'appliquer le principe de précaution inscrit dans les textes européens et la Constitution française pour en finir avec le glyphosate et amorcer enfin une vraie transition agricole et alimentaire", poursuivent-elles.
L'Europe est loin d'être la seule région du monde où l'usage du glyphosate fait débat. Aux Etats-Unis, Bayer a déboursé des milliards de dollars pour résoudre des litiges.
ats/mac