Surnommé "Roi du Doubs", l'apron (Zingel asper) est un poisson emblématique de cette rivière franco-suisse. Or, comme la truite, il se fait très rare. Quelques dizaines d'individus pourraient encore peupler le cours d'eau, probablement pas davantage. Dans le scénario le plus pessimiste, il aurait même déjà disparu. Une seule certitude: il a été observé pour la dernière fois il y a deux ans, en amont de Saint-Ursanne, dans le Jura.
Par conséquent, une opération est menée actuellement pour tenter de retrouver les derniers spécimens. Durant la nuit, des spécialistes munis de lampes frontales remontent à pied dans le lit de la rivière en espérant trouver la perle rare, à l'affût du moindre scintillement. Car la nuit, l'apron est immobile et ses yeux réfléchissants. Il se laisse alors capturer un peu plus facilement.
"C'est un poisson qui est très bien camouflé, qui ne bouge pas, et il n'est pas très grand. Donc il faut être très attentif", a expliqué lundi dans le 12h45 de la RTS Céline Barrelet, chargée du projet Doubs vivant.
Effondrement de la biodiversité
"On est à la limite d'une extinction totale de l'espèce. Donc l'idée, c'est de conserver le patrimoine génétique de ce poisson et éventuellement d'effectuer des croisements avec d'autres souches du bassin rhodanien français", précise Jérôme Plomb, ingénieur chez Aquarius, un bureau de conseil en matière d'environnement.
À l'évidence, les chances de trouver ce poisson dans le Doubs sont minces, ce qui suscite l'inquiétude du canton du Jura et la Confédération, qui dirigent ce projet de recherche.
"Finalement, c'est aussi le reflet de l'effondrement de la biodiversité dans les cours d'eau et ailleurs", commente Laurent Gogniat, responsable du domaine nature à l'Office jurassien de l'environnement. "Donc c'est vrai qu'il y a une inquiétude, et effectivement de l'enthousiasme pour essayer de pouvoir sauver tout ou partie de cette souche de l'apron du Doubs."
D'autres actions de prospections nocturne et diurne auront encore lieu ces prochaines semaines, après lesquelles un difficile bilan s'imposera.
Daniel Bachmann/jop