Au moins une centaine de sapeurs-pompiers continuaient mercredi leur lutte contre les flammes sur l'île d'Eubée, où deux pilotes de l'armée de l'air grecque sont morts la veille alors que leur bombardier d'eau s'est écrasé dans un ravin. "Ils ont perdu la vie en sauvant des vies", a déclaré le Premier ministre Kyriakos Mitsotakis. Un deuil de trois jours a été décrété par l'état-major grec.
C'est également sur cette île qu'a été retrouvé le corps carbonisé d'une troisième victime. La police s'est rendue sur place pour vérifier s'il s'agit d'un berger porté disparu depuis dimanche.
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A Rhodes, 266 pompiers épaulés de trois hélicoptères et deux avions tentent toujours de circonscrire les flammes. Le feu brûle pour la neuvième journée d'affilée et des milliers de touristes avaient été évacués le week-end dernier.
Colère de la population
La colère des habitantes et habitants, surtout dans la partie sud de cette île touristique, ne cesse de monter ces derniers jours. "Une semaine qu'on n'a ni électricité, ni eau, ni téléphone", se plaint Vassilis, attablé dans sa taverne désertée et qui n'a pas souhaité donner son nom de famille.
Rues vides, rideaux baissés, la côte vit au rythme des camions de pompiers et des véhicules de volontaires dans une atmosphère lugubre. "Les autorités ont échoué. Maire, gouverneur, gouvernement. Tous!", s'indigne Christos Kitsos qui travaille dans un hôtel de luxe de la région.
A Corfou, 62 pompiers, deux avions et deux hélicoptères sont sur place pour combattre le feu qui a débuté le week-end dernier. Et dans l'ouest du Péloponnèse, sur un quatrième front important, 140 pompiers et un hélicoptère se battent également contre un incendie de forêt.
Les autorités grecques ont également ordonné mercredi l'évacuation de la périphérie de deux villes du centre de la Grèce, Volos (85'000 habitants) et Lamia (60'000 habitants), où un nouveau front d'incendies s'est déclaré dans la journéee.
Cinq morts en Sicile
La situation est difficile également dans d'autres pays du pourtour méditerranéen. En Italie, au moins cinq personnes ont trouvé la mort dans des incendies en Sicile et de violents orages au nord, qui pourraient inciter le gouvernement à décréter l'état d'urgence dans les régions les plus touchées.
Des vidéos diffusées sur les réseaux sociaux montrent les flammes longer une autoroute devant des voyageurs interloqués près de Syracuse, tandis qu'un impressionnant orage supercellulaire près de Vérone (nord) a été capturé par des internautes.
En Croatie, un feu s'est déclaré mercredi près de Dubrovnik, haut lieu historique et touristique.
Dans l'île de Corse, les pompiers ont lutté toute la nuit contre un virulent incendie et la situation s'améliorait mercredi matin.
Au Portugal, où les feux avaient déjà consumé l'année dernière plus de 110'000 hectares, huit pompiers ont été blessés et des centaines d'autres restaient mobilisés mercredi pour éviter la propagation d'un feu de forêt qui a éclaté la veille dans les environs de la station balnéaire touristique de Sintra.
En Algérie, de violents incendies qui ont ravagé le nord-est du pays ont été éteints mercredi, après avoir fait 34 morts et décimé des familles notamment près de Toudja, où 16 personnes ont été brûlées vives dans leur fuite.
Vagues de chaleur à venir
Les scientifiques du groupe World Weather Attribution (WWA) estiment que les vagues de chaleur qui ont frappé certaines parties de l'Europe et de l'Amérique du Nord ce mois-ci auraient été presque impossibles sans le changement climatique d'origine humaine.
"Les récentes vagues de chaleur ne sont plus des évènements exceptionnels" et celles qui adviendront "seront encore plus intenses et plus courantes si les émissions ne sont pas réduites rapidement", concluent les chercheurs.
Avec de lourdes conséquences: l'observatoire du climat de l'Union européenne Copernicus a déclaré mercredi que les émissions de fumée provenant des incendies de forêt en Grèce étaient les plus élevées pour cette période au cours des 21 dernières années.
Selon lui, les incendies de forêt depuis le 17 juillet ont produit un total estimé à 1 mégatonne d'émissions de carbone entre le 1er juillet et le 25 juillet.
ats/asch
Pas forcément d'impact sur le tourisme
Le pourtour méditerranéen en feu plombé par les canicules ne va pas forcément faire fuir les touristes ces prochaines années, estime Bertrand Réau, responsable de la chaire "Tourisme, voyage, loisirs" au Conservatoire national des arts et métiers de Paris.
"On ne peut pas faire de généralités. Premièrement, ça va dépendre de si les incendies ont affecté les infrastructures d'accueil ou non . Si oui, si elle sont reconstruites rapidement, ça peut permettre de relancer le secteur d'activité", explique Bertrand Réau dans le 12h30.
"Deuxièmement, à partir du moment où la crise est passée, on constate que les destinations qui étaient attractives le restent."