La canicule, ça change quoi pour vous?

Avant 2015, la Suisse ne connaissait que 5 à 15 jours de journées tropicales en été. Aujourd'hui c'est plutôt entre 25 et 50. Ces vagues de chaleur ont un impact direct sur notre santé qui est difficile à quantifier. Mais on connaît la pointe de l'iceberg: les décès.

Bien sûr, il y a toute une gradation d'effets sur la santé avant d'arriver au décès. Les décès touchent surtout les personnes âgées ou fragiles. Mais chez les sportifs par exemple, les coups de chaleur qui peuvent aller jusqu'au coma ou à l'hospitalisation, c'est quelque chose qu'on connaît bien

En Suisse, 300 personnes ont péri à cause de la canicule en 2022. Selon la revue scientifique The Lancet, les pics de chaleur sont responsables de cinq millions de décès prématurés chaque année dans le monde. Les vagues de froid seraient encore plus meurtrières.

La chaleur a aussi des effets moins connus: la déshydratation peut altérer les effets ou les effets secondaires de certains médicaments, comme le lithium utilisé pour soigner les troubles bipolaires, la digoxyne utilisée contre les troubles cardiaques, mais aussi de molécules bien plus courantes comme le paracétamol ou l'ibuprofène. Là aussi, les personnes âgées - qui consomment beaucoup de médicaments - sont particulièrement concernées.

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Des terres plus sèches

Dans le sillage de celle de 2022, la Suisse connaît cette année une nouvelle sécheresse, accentuée par le manque de neige de l'hiver. Grâce à ses glaciers et ses lacs, la Suisse a été épargnée par les tensions que génère la gestion de l'eau dans de nombreux pays. Mais jusqu'à quand?

"Je pense qu'on a l'idée que la Suisse n'a pas de problème d'eau. Et actuellement, c'est encore le cas. Mais je pense quand même qu'on va en avoir, et il faut s'y préparer", avertissait l'hydrogéologue Isabelle Butty dans La Matinale du 17 juillet.

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Des forêts en feu

En outre, les étés caniculaires s'accompagnent désormais du triste spectacle régulier de pans entiers de forêt qui partent en fumée. Au grand dam de leur faune, de leur flore et des humains qui les peuplent ou qui habitent aux alentours. Les feux détruisent aussi de précieux puits de carbone au moment où on en a le plus besoin.

Cette année, la Suisse aussi a été marquée par l'incendie de Bitsch, dans le Haut-Valais. Or, en juin dernier, une motion a été déposée par le conseiller national Pierre-Alain Fridez (PS/JU) pour que la Suisse se munisse de Canadairs. Selon lui, l'incendie haut-valaisan pourrait être "un électrochoc".

"On est habitué à ces images, surtout au bord de la Méditerranée, en France, en Espagne ou au Portugal. Mais nous avons beaucoup moins de moyens pour les combattre."

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Des orages dangereux

Aux canicules succèdent bien souvent des orages qui peuvent causer des dégâts matériels et humains importants, comme récemment à La Chaux-de-Fonds. Plus tôt dans le mois, Météosuisse avait déjà lancé une alerte de niveau 4 dans tout le pays, ce qui n'était plus arrivé depuis 2011.

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La canicule fait grimper l'inflation

L'impact de la sécheresse sur les récoltes et les inondations font augmenter le prix de l'alimentation, tandis que la climatisation fait augmenter la facture d'électricité. Des recherches menées par la Banque centrale européenne évaluent à 1% cette "inflation climatique" dès 2035.

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Inaction climatique inacceptable

Dans ce contexte, les initiatives pour soulager les plus vulnérables se multiplient, notamment pour les personnes qui travaillent en extérieur. Certaines voix proposent d'adapter les horaires de travail, ou même de généraliser la sieste, une manière de mettre le corps au frais et au repos pour éviter le stress thermique.

Cette proposition a des limites. Celles de la réglementation sur les horaires de travail, et une autre, plus culturelle: on n'est pas prêt socialement à accepter des chantiers qui commencent à faire du bruit à six heures du matin!

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Mais se mettre au frais risque de ne pas suffire pour de nombreuses personnes sur la planète. "L'ère du réchauffement climatique est terminée. L'ère de l'ébullition mondiale a commencé", assenait le 27 juillet dernier le secrétaire général de l'ONU Antonio Guterres. "L'air est irrespirable, la chaleur est insupportable, et le niveau de profits des énergies fossiles et de l'inaction climatique est inacceptable."

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Et, comme un symbole, alors qu'on apprenait que juillet 2023 sera certainement le mois le plus chaud jamais mesuré, on apprenait aussi que la consommation de charbon avait atteint un niveau historique en 2022.

Claire Burgy