Mieux exploiter l'énergie solaire permettrait à la Suisse de répondre aux objectifs climatiques
Avec l'hydraulique, le photovoltaïque (PV) doit remplacer d'ici 2050 le nucléaire comme principal pilier de la production d'électricité suisse. Afin d'atteindre ses objectifs en matière de politique énergétique et climatique, la Confédération a pris des mesures pour encourager la production d'énergie solaire. Les objectifs ont été relevés à plusieurs reprises et les mesures adaptées régulièrement.
Si la forte croissance des installations PV ces trois dernières années est positive et conforme aux objectifs, des risques existent pour la réalisation des prochaines étapes, indique le Contrôle fédéral des finances (CDF) dans un audit publié mercredi. Les buts à moyen et long terme visés par le Conseil fédéral pour 2035 et 2050 peuvent être atteints si le rythme actuel de construction se poursuit.
Coordination insuffisante
Dans ce contexte, le CDF relève un manque de vue d'ensemble en matière de rentabilité des installations solaires. Si l'évolution des prix de l'électricité sur le marché ou les gestionnaires du réseau de distribution jouent un rôle, la rentabilité dépend aussi des aides fédérales.
Dans certains cas, les projets ne sont pas construits car trop chers malgré les subventions, alors que dans d'autres cas, des projets similaires peuvent être exploités de manière rentable sans subventions, ce qui rend celles-ci inefficaces, explique le CDF. Et donc de préconiser une meilleure coordination en la matière.
Dans sa prise de position, l'Office fédéral de l'énergie (OFEN) a relevé que ce manque de coordination est dû au politique. Des incitations pour le photovoltaïque sont en discussion au Parlement. En fonction des décisions prises, l'OFEN souhaite élaborer le concept recommandé d'ici fin 2024.
Mieux utiliser les surfaces en montagne
La rentabilité pourrait aussi être améliorée en exploitant davantage les surfaces libres hors des zones à bâtir, selon le CDF. Il déplore une trop grande focalisation sur l'utilisation de l'énergie solaire dans le domaine du bâtiment. Le potentiel du PV n'est pas assez exploité dans les régions de montagne alors qu'elles sont plus ensoleillées en hiver.
Au vu des objectifs de développement toujours plus ambitieux du Parlement, le CDF recommande de mettre à jour la stratégie en la matière et de définir des critères pour la planification et la construction de grandes installations PV sur ces surfaces. Les critères déterminants pourraient être l'impact environnemental, le raccordement au réseau, la rentabilité ainsi que la contribution à l'approvisionnement en hiver.
Privilégier les grandes structures
Le CDF pointe enfin un problème de rentabilité en lien avec la puissance des installations. L'encouragement des grandes structures est plus rentable que celui des petites.
Depuis son introduction en 2014 et jusqu'à fin 2022, la rétribution unique a bénéficié à quelque 130'000 installations solaires avec une production annuelle de 2,6 térawattheures, pour un montant total de 1,5 milliard de francs. Un peu plus de 127'000 d'entre elles sont considérées comme petites car elles ont une puissance inférieure à 100 kilowatts.
Les quelque 3000 autres, comptées comme des grandes installations, produisent environ un tiers de la production annuelle mais n'ont reçu que près de 400 millions de francs comme subventions. Même si le potentiel photovoltaïque des grandes toitures est déjà mieux exploité que celui des petites, il reste donc encore un important potentiel d'économies en utilisant encore davantage les grandes installations, selon le CDF.
Et de proposer de revoir la rentabilité de la rétribution unique et de la rendre plus simple, par exemple en renonçant à la distinction entre les installations intégrées et ajoutées. L'OFEN rejette la recommandation pour des raisons esthétiques. Celles-ci conduisent à une meilleure acceptation des panneaux solaires, avance-t-il.
ats/juma