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Une nouvelle méthode permet de mieux documenter les volcans actifs

Le volcan Mayon, un des plus instables des Philippines, a craché des cendres et des gaz toxiques. [Keystone - Francis R. Malasig]
Seuls 30% des volcans actifs sont actuellement bien documentés / Le Journal horaire / 35 sec. / le 31 août 2023
Une équipe de l'Université de Genève (UNIGE) a mis au point une méthode permettant d'obtenir rapidement de précieuses informations sur les volcans. Ces résultats ouvrent de nouvelles perspectives pour l'évaluation des risques et les mesures de prévention.

La Terre abrite quelque 1500 volcans actifs. Or on ne dispose de données précises que pour 30% d'entre eux. En cause, la difficulté d'observer leur "carburant", le magma, cette roche fondue qui se forme entre 60 et 150 km de profondeur dans le manteau terrestre.

Le taux de production de cette masse pâteuse sous un volcan est un indicateur important. Il détermine la taille et la fréquence des futures éruptions, a indiqué jeudi l'UNIGE dans un communiqué. Cette absence de données représente un danger, car plus de 800 millions de personnes vivent à proximité de volcans actifs.

Trois paramètres-clés

L'équipe de Luca Caricchi, professeur ordinaire au Département des sciences de la Terre de l'UNIGE, a développé une méthode à partir de laquelle il est possible d'obtenir des informations rapidement. Elle utilise trois paramètres faciles à mesurer: la hauteur du volcan, l'épaisseur des roches qui séparent son réservoir de la surface, et la composition chimique moyenne du magma libéré au cours de son histoire éruptive.

Le premier peut être déterminé par images satellite, le second par sondages géophysiques et/ou analyses chimiques des minéraux (cristaux) contenus dans les roches volcaniques, et le troisième par des prélèvements directs sur le terrain.

En analysant les données existantes sur l'arc des Petites Antilles, un archipel d'îles volcaniques bien étudié, l'équipe de l'UNIGE a mis en lumière une corrélation entre la hauteur des volcans et le taux de production de leur magma.

"Les volcans les plus hauts produisent en moyenne les éruptions les plus importantes au cours de leur vie. En d'autres termes, ils peuvent émettre une plus grande quantité de magma en un seul événement", indique Oliver Higgins, premier auteur de l'étude, cité dans le communiqué.

Indicateur d'explosivité

Les scientifiques ont également constaté que plus la croûte terrestre est fine sous le volcan, plus son réservoir de magma est proche de la surface, ce qui signifie que le volcan est mature sur le plan thermique. Enfin, ils ont observé que la composition chimique moyenne du magma déjà érupté est un indicateur de son explosivité.

Conjugués, ces trois paramètres produisent une "photographie" de la structure interne du volcan. Ils permettent une première évaluation des risques associés aux volcans peu étudiés, sans nécessiter d'importants moyens techniques et financiers, selon ces travaux publiés dans la revue Geology.

ats/ther

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