Une étude confirme la nocivité de substances présentes dans des crèmes solaires sur les coraux
"L'expertise montre que la moitié des substances évaluées peut présenter des risques pour les récifs coralliens et contribuer à leur dégradation", conclut l'Anses, après avoir étudié 53 substances (filtres UV, hydrocarbures, pesticides, métaux), dans le rapport publié lundi.
"L'Agence alerte sur le fait que, faute de données disponibles, ce nombre est très probablement sous-estimé", précise-t-elle.
L'Anses avait été saisie en 2018 par le gouvernement, conjointement avec l'Office français de la biodiversité (OFB), pour réaliser un état des lieux. La France s'intéresse particulièrement à la question car elle abrite 10% des récifs coralliens du monde avec ses Outre-mers.
L'étude dévoilée lundi s'est appuyée principalement sur des données disponibles en Guadeloupe, Martinique, à La Réunion et à Mayotte (Outre-mer français).
Limiter les rejets de ces substances
En conclusion, l'Anses recommande de créer ou de renforcer la surveillance et le suivi des substances chimiques, de limiter les rejets de substances dangereuses à la source (notamment avec des interdictions réglementaires de mise sur le marché) et d'améliorer les réseaux d'assainissement des eaux usées.
Les experts se penchent, par ailleurs, particulièrement sur les crèmes solaires, alors que l'expertise a "identifié trois substances comme toxiques pour les coraux: l'oxybenzone, l'octinoxate et l'octocrylène".
A l'échelle européenne
L'Etat a été récemment saisi d'une demande de l'Anses pour restreindre l'utilisation de cette dernière substance. La France souhaite toutefois que le dossier soit géré à "l'échelle européenne", notamment dans le cadre de la révision du règlement sur les produits chimiques Reach, avait indiqué une source gouvernementale début juillet.
Dans une déclaration, Christophe Béchu, ministre de la Transition écologique, s'est dit lundi "favorable à ce que la révision de ce règlement permette de prendre en compte l'étude de la toxicité sur les coraux dans l'évaluation de danger des substances chimiques afin que l'impact sur les coraux d'une substance puisse être un motif d'interdiction".
Plus de respect pour les milieux marins
Dans son rapport publié lundi, l'Anses souhaite en outre que les assertions de protection de l'environnement et de respect des milieux marins portées par certaines marques de crèmes solaires soient "justifiées".
"La présence d'une des substances mentionnées ci-dessus semble incompatible avec la possibilité de bénéficier de telles allégations", estime l'Agence.
Un point dont s'est saisi Christophe Béchu: "J'ai demandé à mes services d'étudier les possibilités juridiques permettant d'interdire les allégations et logos, présents sur un certain nombre de produits solaires, vantant leur respect du milieu marin", a-t-il dit.
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afp/juma