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Des poissons suisses trop pollués pour être mangés

PFAS : des impacts sur la santé et l'environnement
PFAS : des impacts sur la santé et l'environnement / A bon entendeur / 35 min. / le 19 septembre 2023
Surnommés "polluants éternels", les PFAS s’accumulent dans la nature sans jamais être éliminés et pénètrent dans la chaîne alimentaire. La RTS a fait analyser des poissons pêchés dans différentes régions du pays. Résultat: des PFAS détectés dans tous les échantillons. Selon les normes européennes, certains sont même impropres à la consommation.

PFAS: quatre lettres qui regroupent des milliers de composés chimiques, les substances per- et polyfluoroalkylées, utilisés dans l’industrie depuis la fin des années 40. Très appréciés pour leurs propriétés imperméabilisantes, anti-graisses et anti-salissures, ils se retrouvent notamment dans les poêles, le fart, des vêtements, certains dispositifs médicaux ou encore dans des mousses anti-incendie.

Mais les PFAS sont aussi de redoutables polluants soupçonnés de favoriser l’apparition de maladies telles que le cancer des testicules ou des reins, de perturber le fonctionnement thyroïdien ou encore d’affaiblir les défenses immunitaires des enfants. Des polluants d’autant plus problématiques qu’ils ne s’éliminent pas naturellement.

Plusieurs poissons impropres à la consommation

Les PFAS entrent ainsi dans la chaîne alimentaire. Pour documenter ce phénomène, l’émission "A Bon Entendeur" de la RTS, en partenariat avec SRF et RSI, a fait analyser une trentaine de poissons pêchés dans toute la Suisse. Résultat: tous contiennent des PFAS. La majorité des poissons testés (dix-neuf sur vingt-sept) atteint des niveaux tels qu’il serait déconseillé d’en manger une fois par semaine, selon les recommandations de l’Autorité européenne de Sécurité des Aliments, l’EFSA. Enfin, quatre de ces poissons seraient tout simplement interdits de vente dans l’Union européenne, tant les taux de PFAS qu’ils contiennent sont élevés.

"Il faut déjà reprendre la législation européenne parce qu’aujourd’hui en Suisse on n’a pas de législation applicable. Ce devrait être le cas dès le début de l’année prochaine", commente Patrick Edder, chimiste cantonal genevois. "Et puis après, il nous faut acquérir de la connaissance scientifique, car il nous manque encore énormément de données". Et le chimiste de temporiser: "Il faut agir, c’est clair. On voit qu’on a un problème global, mais on n’est pas dans un risque de santé publique immédiat."

Vaste campagne nationale

Au-delà de la question des poissons, les cantons mènent actuellement une campagne nationale de détection des PFAS dans l’eau potable. A ce niveau, la Suisse dispose déjà de valeurs seuils qui devraient prochainement être resserrées. Si des taux trop élevés sont détectés, certaines sources d’eau pourraient être fermées "ou diluées pour être en deçà du seuil légal", précise Patrick Edder. En dernier recours, de nouveaux systèmes de traitement des eaux pourraient être envisagés.

La Confédération et les cantons multiplient les démarches afin de déterminer l’ampleur de la pollution aux PFAS dans le pays. "Malheureusement nous n’avons pas encore de vision claire de tous les sites pollués qu’il y a en Suisse", déplore Christiane Wermeille, cheffe de la section des sites contaminés de l’Office fédéral de l’environnement.

"Il y aura des sites très problématiques, comme ceux qui polluent les eaux de surface. Ces sites-là, avec des concentrations très élevées, seront peut-être de l’ordre de quelques dizaines en Suisse", détaille-t-elle.

>> Lire : Quelque 17'000 sites européens contaminés aux PFAS

Une facture salée à venir

La Confédération se dotera prochainement de valeurs seuils pour les sols, qui font actuellement défaut. Celles-ci permettront de déterminer quels sites doivent être assainis. Le chantier s’annonce colossal et la facture salée. Selon la logique du pollueur-payeur, les entités responsables des pollutions devraient passer à la caisse.

Des PFAS ont également été détectés dans la population. Une étude publiée le mois dernier par l’Office fédéral de la santé publique a révélé des taux de PFAS dans le sang problématiques chez 3,6% des plus de 700 participants.

>> Lire : Des produits chimiques indésirables dans le corps des habitants et habitantes de Suisse

Gabriel Tejedor, Alexandre Willemin, Linda Bourget

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