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Des ruches en ville, une fausse bonne idée pour la biodiversité?

Un apiculteur en ville de Lausanne en juillet 2017. [Keystone - Laurent Gillieron]
Les ruches urbaines ont trop de succès / Tout un monde / 6 min. / le 21 septembre 2023
Depuis quelques années, les ruches essaiment sur les toits des immeubles en ville. Hôtels, entreprises, administrations, universités et particuliers: tout le monde veut ses abeilles, et a le sentiment de faire un geste pour la planète, tout en produisant son miel. Dans de nombreux pays, où on a encouragé ces installations, on revient un peu en arrière.

Au départ, l'idée semblait séduisante et utile, car la population des abeilles, ainsi que celle des pollinisateurs en général, décline dans les campagnes en raison de l'utilisation massive de pesticides, de désherbants, de parasites tels que le varroa ou le frelon asiatique, et du dérèglement climatique.

En vingt ans, le taux de mortalité annuel de l'abeille domestique ou mellifère est passé de 10% à 30%. Pour la préserver, les villes ont donc encouragé l'installation de ruches en ville, où l'on trouve moins de pesticides et souvent une bonne diversité de fleurs. Ces initiatives ont suscité un énorme engouement.

A Paris, par exemple, il y a plus de 2000 ruches urbaines. En Suisse, leur nombre a doublé en quelques années, surtout dans les villes alémaniques. Pourtant, depuis quelques années, cela pose certains problèmes. "Les ressources, les fleurs, ne sont pas infinies", rappelle Audric de Campeau, apiculteur et fondateur de CitizenBees, jeudi dans l'émission de la RTS Tout un monde.

>> Ecouter aussi l'épisode "Pourquoi les abeilles font du miel?" du podcast Micro sciences :

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Pourquoi les abeilles font du miel? / Micro sciences / 21 min. / le 22 mai 2023

Concurrence entre les ruches

S'il y a trop de ruches dans un même secteur, les abeilles produiront moins de miel et seront plus stressées pour trouver des ressources mellifères. "Il va y avoir de la bagarre. Ce n'est pas parce que les ruches sont voisines qu'elles sont copines", indique Audric de Campeau.

Mais les abeilles à miel ne sont pas les seules à devoir survivre. Les abeilles sauvages - il y en a plus de 500 espèces en Suisse - les papillons de nuit ou encore les bourdons jouent un rôle crucial dans la biodiversité. Ces milliers d'autres insectes pollinisateurs doivent aussi trouver des fleurs à butiner, mais ils suscitent évidemment beaucoup moins d'intérêt.

>> Relire : Rude bataille dans les prairies entre les abeilles domestiques et sauvages

Les abeilles sauvages, qui vont chercher leur nourriture moins loin que les abeilles domestiques, ont tendance à disparaître plus vite. Sans compter que l'apiculture est une activité agricole essentielle. Les ruches, les essaims d'abeilles à miel, peuvent être reconstitués d'année en année, ce qui n'est pas le cas des espèces sauvages.

Pas un geste pour la biodiversité

Les ruches citadines ne favorisent donc pas la biodiversité. "Il est similaire de parler du déclin des abeilles sauvages, des papillons, des oiseaux, des plantes sauvages... Le déclin du nombre de colonies d'abeilles mellifères, maintenues par les apiculteurs, est finalement un problème qui concerne l'apiculture. Ce n'est donc pas directement lié à l'érosion de la biodiversité", explique Christophe Praz, spécialiste des abeilles sauvages et collaborateur scientifique à l'Université de Neuchâtel.

Henry Clément, secrétaire général de l'Union nationale de l'apiculture française, estime que le problème n'est pas là. Le problème, ce sont les pesticides et la disparition de certaines variétés de fleurs. Les efforts publics ou privés, en ville comme à la campagne, doivent se concentrer sur ce domaine.

En tout cas, les villes de Metz et de Besançon ont décidé de freiner l'installation de ruches sur les bâtiments publics. En Suisse, certaines villes, dont Lausanne, envisagent également cette mesure, et les installateurs de ruches urbaines qui ont proliféré ces dernières années mettent aujourd'hui davantage l'accent sur les hôtels à insectes et la revégétalisation que sur les ruches urbaines.

>> Relire aussi : Trop d'abeilles domestiques se trouvent dans les villes suisses

Francesca Argiroffo/vajo

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