Les Services Industriels Genevois (SIG) ont été pointés du doigt par cinq particuliers après le passage des camions vibreurs près de chez eux. "Nos bâtiments ont vieilli de 30 ans en une nuit", témoigne dans La Matinale lundi Marianne Rieser dont la maison a été affectée par une campagne de prospection il y a deux ans. "On a des fentes partout!"
Ces campagnes de prospection ont pour objectif de rendre compte de la capacité d'exploitation de la chaleur qui se trouve sous terre à profondeur moyenne pour approvisionner une zone (le canton de Genève dans ce cas-ci,) en chaleur et en froid.
Marianne Rieser explique que les SIG lui ont proposé de l'argent pour l'aider à réparer les dégâts mais sans reconnaître qu'ils ont été causés par les camions vibreurs. "Ils nous ont envoyé un expert après qu'on leur a téléphoné et il nous a assuré que c'était normal. Les SIG voulaient faire un règlement à l'amiable parce qu'ils ont beaucoup réglé de problèmes comme ça en donnant 2000-3000 francs."
Et d'ajouter: "Moi j'ai refusé de les rencontrer avec cet état d'esprit donc on a notifié un commandement de payer et on est en train de préparer une action civile".
Contactés, les SIG ne commentent pas de cas particulier, mais précisent avoir proposé des dédommagements à une quinzaine de personnes.
Précautions prises
Eric Léoutre, le directeur de Swiss Go Energy, une société vaudoise qui s'occupe des campagnes de prospection, assure que d’importantes précautions ont été prises pour éviter ce type de dommages dans le canton de Vaud, où 32 communes sont concernées par la nouvelle campagne de prospection qui durera jusqu'au 9 octobre. "On fait tout un travail en amont. On s'assure de la distance entre les points vibrés et les bâtiments: plus on est près, plus on ajuste la puissance à la baisse."
"Concrètement, sur le terrain, un opérateur accompagne chaque vibreur pour contrôler les vibrations. Il a en permanence les yeux rivés sur le boîtier de mesures. Quand on approche de la valeur seuil, l'opérateur avertit le conducteur du camion vibreur pour réduire voire arrêter", développe le directeur de Swiss Go Energy.
Informer la population
Quatre camions vibreurs sonderont les sous-sols de nuit dans une zone de 100 km2. C'est donc pour éviter ce qu'il s'est passé à Genève que les municipalités ont décidé de préparer la population.
A La Sarraz, les habitants ont pu participer à des séances d'informations, à la démonstration de camions vibreurs et partager leurs questionnements et leurs craintes sur la campagne. "Il y a eu de nombreuses questions au niveau technique sur les camions vibreurs proches des habitations ou des conduites d'eau potable. Mais disons que tout s'est déroulé de manière harmonieuse", indique Daniel Develey, syndic de la commune dans la Matinale lundi.
Pas d'opposition, peu de critiques, seulement des questions. Ce dialogue ouvert permet à La Sarraz d'aborder cette campagne avec sérénité.
Habitants habitués
La commune sonde ses sous-sols depuis les années 1970 mais pas pour la géothermie, précise le syndic, donc ses habitants savent déjà comment cela se passe. "A l'époque on cherchait l'or noir. Le premier forage a eu lieu en 1981 à Eclépens. Et à cette époque, ça avait déjà donné des informations intéressantes sur la température du sous-sol qui était au-delà des 110 degrés", indique Daniel Develey.
Ces explorations servent la campagne de prospection actuelle. Si les résultats s'avèrent concluants, il restera de nombreuses étapes avant de voir une centrale géothermique se construire. Pas avant 2030, indique Swiss Geo Energy.
Sujet radio: Salomé Laurent
Adaptation web: Julie Marty