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Face aux pluies diluviennes, Berlin ambitionne de devenir une "ville éponge"

Face aux pluies diluviennes, Berlin ambitionne de devenir une "ville éponge". [AFP - CHRISTOPH SOEDER]
Berlin veut absorber le changement climatique comme une éponge / Tout un monde / 5 min. / le 25 septembre 2023
Berlin, comme de nombreuses autres villes à travers le monde, ressent les effets du dérèglement climatique, avec des phases de sécheresse prolongées suivies de pluies torrentielles. La capitale allemande aspire à devenir une "ville éponge", un modèle urbain conçu pour absorber et gérer efficacement les eaux de pluie et minimiser les risques liés aux inondations.

Dans la rue Emma-Ihrer, des rangées d'immeubles en briques de six étages sont aérées et entourées d'espaces verts. Ce quartier, près du lac de Rummelsburg au sud-est de Berlin, est l'un des pionniers du concept de "ville éponge".

"Il n'y a pas de bouches d'égout. On a créé une 'cuvette végétalisée'. Ainsi, quand l'eau est absorbée par le sol, elle alimente la nappe phréatique. Quand elle s'évapore par les arbres, cela provoque un rafraîchissement lié à l'évaporation", décrit le porte-parole de la société chargée de la gestion des eaux de la ville, Berliner Wasser Betriebe, Stephan Natz.

Les troncs des arbres affichent une circonférence trois fois supérieure à celle de leurs congénères plantés un peu plus loin au même moment mais dont les racines sont hors de portée de cette "cuvette verte".

"Les cours intérieures des immeubles sont toutes vertes, tout est planté, les toits sont végétalisés... Ils agissent ainsi comme des 'éponges'. Lorsqu'il y a trop d'eau, le surplus est dévié vers les pelouses, où elle peut entrer dans la terre", explique Stephan Natz dans l'émission de la RTS Tout un monde.

Une série de mesures

Le projet de "ville éponge" dispose de divers outils, tels que des citernes, des rigoles autour des arbres, des cuvettes et des toits verts. "Quand on parle de 'ville éponge', il n'y a pas de recette brevetée", indique l'architecte paysagiste et l'un des initiateurs du projet Carlo Becker.

Et d'ajouter: "On parle d'une cascade de différents modules et éléments à superposer les uns aux autres. On commence par le toit vert, mais c'est le premier pas. C'est bien si on ajoute une citerne pour collecter l'eau en prévision de phases de sécheresse, pour arroser les arbres. Le prochain pas, c'est d'installer un parterre d'évaporation, qui retient l'eau pour rafraîchir l'atmosphère en cas de forte chaleur."

Fin juin 2017, des pluies diluviennes s'étaient abattues sur Berlin, inondant certains quartiers. [Keystone - Stephanie Pilick]
Fin juin 2017, des pluies diluviennes s'étaient abattues sur Berlin, inondant certains quartiers. [Keystone - Stephanie Pilick]

Les résultats de cette approche sont convaincants. Stephan Natz se souvient des fortes précipitations de juin 2017, lorsque certaines parties de Berlin ont reçu près de 200 litres d'eau en 24 heures. Les quartiers de "ville éponge" ont fait leurs preuves et ces systèmes ont fonctionné efficacement pour éviter les inondations.

Jusqu'à dix milliards d'euros

En 2018, Berlin a mis fin au ruissellement des eaux de pluie vers les canalisations pour chaque nouvelle construction.

Ce projet ambitieux coûterait entre 5 et 10 milliards d'euros, selon les estimations de la Berliner Wasser Betriebe. Les coûts varient en fonction des éléments. Par exemple, une cuvette végétalisée coûte environ 9 euros par mètre carré, tandis que la transformation d'un trottoir pavé en surface verte coûte environ 60 euros par mètre carré.

Pour atteindre l'objectif de 30% de la surface urbaine qui captent l'eau, la Ville doit accélérer la transformation de son paysage urbain. Bien que la cité soit relativement en avance en Allemagne en matière de "ville éponge", il reste beaucoup à faire pour atteindre cet objectif ambitieux.

Günter Müller-Czygan, professeur à l'Université de Hof en Bavière, souligne que la principale difficulté réside dans la nécessité de faire coexister la modernisation urbaine avec la protection du patrimoine: "Dans l'ancien, on a souvent un conflit avec la protection du patrimoine, dit-il. Du point de vue statique, ce serait possible de faire un toit végétal ou une façade verte. C'est une question politique, pas technique."

Nathalie Versieux/vajo

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