L'objectif de Sebastião Salgado éclaire le monde depuis 50 ans. De la Yougoslavie au Rwanda, ses photos de la condition humaine sont les témoins des exodes, des famines et des guerres. Cette brutalité des hommes l'a poussé à devenir un fervent défenseur de l’environnement, la nature est devenue son sujet artistique.
De passage à Genève, pour la conférence de la finance durable Building bridges qui se déroule du 3 au 6 octobre, il vient pour plaider la cause de l'Amazonie.
"J'ai été économiste, j'ai travaillé dans un fonds d'investissement pendant quelques années, (...) cette base m'a aidé à me situer dans l'histoire de ma planète" affirme-t-il mercredi soir dans le 19h30.
Pour sauver l'Amazonie, selon lui, les investissements publics sont très lents, alors que les entreprises privées sont capables de prendre des décisions très rapidement. "La planète vit une urgence énorme, le danger de perdre un grand espace est aussi énorme. Maintenant l'humanité est en danger total, il faut que l'on agisse vite, les entreprises, les banques en sont capables", explique le photographe.
Une prise de conscience par l'esthétisme
Sebastião Salgado choisit de ne pas présenter l'Amazonie morte, car la "vraie Amazonie", dit-il, "est encore là à 82%, j'ai pris la décision de montrer celle qu'il faut que l'on protège ensemble".
Pour lui, il ne serait pas trop tard, on pourrait encore tout sauver: "On peut sauver par la conservation des espaces comme l'Amazonie, la forêt boréale, l'Arctique, l'Antarctique. De l'autre côté, il faut reconstruire, que l'on travaille sérieusement sur la restauration des écosystèmes, que l'on replante des arbres, partout dans le monde", plaide Sebastião Salgado
Le langage de l'esthétisme lui permet de montrer la dignité des gens, leur beauté. Il estime d'ailleurs avoir davantage d'impact lorsqu'il fait de belles photos sociales et environnementales, que si elles étaient mal faites.
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Propos recueillis par Philippe Revaz
Adaptation web: Miroslav Mares